[...suite de ~ICI~]

Les étrangères furent donc évacuées ensemble, bien qu'elles seront incarcérées séparément, bien à l'écart l'une de l'autre. Concernant Oubliés et Nains, ils furent reconduits jusque dans leur quartier respectif. La plèbe elle, déserta les gradins dans la cohue. Une mêlée qui emporta Shaileen dans son mouvement ! La rêveuse eut beau s'en défendre, le courant implacable auquel elle était confrontée l'emmena au dehors, jusqu'à la Croisée. Et lorsqu'une puissante onde de choc secoua le tout, les gens terrifiés se dispersèrent, rendant ainsi à Shaileen sa liberté. Ce fut à ce moment que Gabe l'attrapa par le bras pour l'éjecter droit dans une porte dérobée. Lui resta parmi la foule, mais l'Oubliée elle, se trouvait présentement dans un des rares couloirs d'évacuations qui menaient jusqu'aux Alcôves. En longeant les murs et avec un peu... enfin disons plutôt ; BEAUCOUP de chances, elle pourrait tomber sur les étrangères.

Ydris retrouva finalement tout le confort de son cachot, puis découvrit furieuse, l'encoche qu'elle avait causé à l'estoc de Fënaro en la confrontant au pic de glace. Ca ajouté à son impossibilité de communiquer avec Pheare manqua de la faire hurler de rage ! En revanche beaucoup plus sereine, Pheare attendit que les gardes prennent congés pour retirer les quelques lambeaux de vêtements brûlés qui recouvrait sa peau fondue. Sa régénération était déjà en train de la lifter, et alors qu'elle s'accroupissait comme pour uriner, une masse visqueuse se décrocha depuis son entrejambe. Une fois cela fait, la jeune femme recula de deux pas, puis observa le dépôt gluant onduler telle une larve aveuglée par le soleil. Soucieuse, Pheare l'aida à se défaire de sa membrane, ce qui lui valut une morsure pleine de hargne ! Retirant alors ses doigts, l'Humaine se résolut à patienter que le rat sorte de son cocon. Il lui aura fallut bien deux minutes pour recouvrer sa vigueur.

À tâtons, Shaileen remontait doucement le couloir. Au moindre bruit, elle cessait tout mouvement ! Certes elle ignorait où elle était, mais durant la manoeuvre qui l'avait conduit jusque là, l'Oubliée avait humé l'odeur si caractéristique de Gabe. Aussi supposait-elle qu'elle se trouvait là où son compagnon voulait qu'elle soit. Il se passa plusieurs minutes avant qu'un son métallique ne surgisse du silence, plus avant dans les ténèbres. Shaileen sursauta mais redoubla d'allure, quitte à trébucher, elle voulait en finir avec cette marche lugubre. Elle finit par déceler des échos à plusieurs mètres d'elle, des voix de femmes si elle se fiait à son ouïe. L'Oubliée entreprit alors de les filer discrètement...

Toujours en rogne, Ydris bougonnait dans son coin. De plus, elle eut beau chercher, pas l'ombre d'une arachnide ! c'était désespérant. Quant à son épée, sans une ponce spéciale pour cet alliage, elle n'avait aucune chance de lui rendre sa splendeur d'antan. Ce n'était peut-être qu'un détail, mais pour la Drow, cette lame et son essence ne faisaient qu'un ! Si seulement Pheare était là, elle pourrait penser à autre chose, mais en l'état actuel des circonstances, elle ne parvenait guère à s'émanciper de sa colère. Aussi se rassura t-elle au sujet de l'alerte qui avait mis fin à ce spectacle ridicule. Qui sait, cela lui permettrait peut-être de s'évader ! Hélas, les grondements qui jusqu'alors ébranlaient les murs, semblaient avoir cessé, quand brusquement ! une silhouette accrochée aux barreaux de sa cellule l'arracha à ses rêveries !


Bon sang ! Comment s'y était-elle prise pour avoir une tête aussi affreuse ?! Même elle qui venait de s'extraire d'un vagin des plus douteux semblait plus mignonne. Au moins avait-elle le mérite de se fondre dans le décor, mais maintenant qu'elle était là, il n'était plus question de ça ! Mina annonça donc la couleur en arrachant la porte de son cachot, puis tendit sa main dans la direction de la Drow. Pheare se tenait juste derrière elle, revêtue de la cape du Vampire.

- Tu espères obtenir quoi avec ta tronche de travers ? la capitulation de l'ennemi ?! S'annonça la prédatrice d'un ton moqueur. Je m'absente un mois, et déjà tu abandonnes le peigne ?! Allez en route !

Mina avait bien sûr remarqué la cicatrice qui creusait désormais le visage de la prêtresse. Effaçant complètement la précédente, celle-ci lui donnait un air de véritable guerrière, restait à voir s'il s'agissait là d'un simple reflet, ou d'une vérité avérée. Pheare eut droit à cette rencontre douze heures auparavant, ce fut même Mina qui lui indiqua le plan à suivre dans l'arène. Et afin de conserver son infiltration intacte, le Vampire se changea en rat, une forme qui lui permit d'investir les entrailles de l'Humaine en toute facilité. Désormais toutes trois réunies, l'escapade pouvait débuter !

Dire que c'était le bordel aurait été trop doux. Mes compétences en matière d'observation des événements et de réaction en conséquence laissaient plus qu'un peu à désirer. Pourquoi avait il fallu que j'essaie de me mettre en travers de la route de ce foutu glaçon gigantesque ? Je commençais à me demander si l'eau que j'avais bu plus tôt ce matin n'avait pas affecté mes sens... Ou autre chose ! Tout ça pour éviter de penser que j'avais pu être si stupide en fait... Je refusais de penser que je me retrouvais à présent sonnée, Fënaro sérieusement amochée. J'observais et agissais en mode automatique, remarquant le rideau de flammes qui empêchait de voir Pheare. Et puis un grondement grave retentit, ce qui eut le mérite de faire cesser instantanément les combats en cours. C'était quoi ce truc ? On entendait juste le roi s'égosiller à présent de reprendre les combats. Ne lui en déplaise, un second grondement lui répondit. Puis s'en suivirent deux explosions. Certes lointaines et pourtant je pouvais voir que chacun autour de moi en ressentais les effets. Un sourire naquit sur mon visage. Un imprévu qui mettait à mal la communauté de l'autre cinglé, voilà qui ne pouvait que me réjouir. Je me fichais royalement de retourner en cellule, ajourner ce combat était la meilleure chose qu'il nous soit arrivée depuis un mois. Je me retournais pour enfin apercevoir Pheare, visible pour la première fois depuis un moment. Ses yeux rouges, son visage,... tout portait à croire qu'elle n'était pas de bonne humeur.  Le lancer de... tête de nain en direction du roi ne fit que renforcer ce sentiment. Je me demandais tout de même bien ce qu'elle avait pu vivre durant ce court laps de temps...

La retrouver le temps de l'évacuation fut un soulagement. Je m'étais attachée à cette femme qui, pour une humaine, était des plus impressionnante. Je ne pouvais que plaindre ses ennemis, sachant que si d'aventure je me retrouvais parmi eux, je ne ferai pas long feu. Mon incompétence du jour me révoltais, me dégoutais.  J'avais beau rejeter la faute sur tout ce que je pouvais trouver autour de moi, je savais au fond, être la seule responsable. Une fois ma cellule retrouvée, loin de Pheare évidemment, j'eus tout le loisir de m'exprimer en langue drow quant à ma stupidité et ce qu'il en était résulté. J'observais Fënaro, qui à présent porterait la marque de mes actions. Je rageais mais prit soin, une fois les gardes partis, de calmer mon flot de violence verbale. Mieux valait garder cette colère pour un moment plus propice et au vu des derniers évènements je ne doutais pas que le moment pour évacuer ma rage se présenterait. En attendant je tournais, ne comprenant décidément pas ce qui avait pu me passer par le cerveau dans cette foutue arène. Et comble de malchance, pas une arachnide à écrabouiller dans le coin ! A croire qu'elles avaient fuit les environs de ma cellule, ayant compris le traitement que je leur réservais. Dommage j'en aurais bien écartelé une ou deux. Elles auraient peut être amoindri le choc et le malaise que je ressentais face à l'accroc présent sur ma chère et tendre épée.

Soudain, une silhouette que je n'avais pas remarquée jusque là, et semblant accrochée aux barreaux, me sortit de mes sombres pensées. La porte du cachot fut arrachée d'un simple geste et une voix qui semblait venir de très loin dans mes souvenirs se fit connaître. J'avais du mal à le croire... Comment et par quel miracle... pourquoi était elle... mais que faisait elle... tout se mélangeait. Beaucoup trop de questions s'entremêlaient alors que je regardais la nouvelle venue quelques secondes, sa main tendue vers moi. Seule la présence de Pheare derrière elle put me convaincre que je n'étais pas victime d'une hallucination. Mina était bien de retour. Son aplomb m'avait manqué, de même que sa présence et son positivisme à toute épreuve. Un poids soudainement en moins dans ma poitrine, je n'hésitais pas, réduisant la distance qui nous séparaient en acceptant sa main.

- C'est que je trouvais que vous commenciez à tarder, l'odeur de ma crasse vous aura certainement montré le chemin.

Avec un léger sourire, je passais en revue la vampire. Elle avait l'air d'avoir passé de meilleurs moments mais ne semblait pas blessée. Pheare et Mina semblaient avoir déjà échangé et je me demandais depuis combien de temps l'avide de sang se trouvait dans les parages. Je me gardais bien de le demander cependant, il y aurait du temps pour cela plus tard, tout comme pour les remerciements et autre discours.  Je me contentais de suivre le mouvement de ces deux compagnes retrouvées. Moi qui me pensais plutôt solitaire, voilà qu' une humaine assortie d'une vampire suffisaient à éclaircir mon esprit embrumé...

- J'imagine que vous avez un plan ? demandais je, curieuse de connaître ce qu'elle avait pu nous concocter. Je n'oubliais pas non plus que je ne pouvais pas quitter cet endroit sans faire quelque chose pour une certaine reine.

On devait me prendre pour une dingue, à gesticuler comme ça, allant de gauche à droite, étant la seule à m'être autant approchée du dôme protecteur, à hurler ma nouvelle passion aux deux étrangères comme une sombre idiote. Oui, j'étais dingue. Enfin, du moins, à leurs yeux, c'était sûr. Mais bon, cela ne m’importait peu et beaucoup d'entre eux savaient à quoi s'attendre avec moi et ma personnalité un peu... débordante. Ils sauront s'en accommoder et, dans tous les cas, c'était ma première fois à la Lice et pour une mordue d'inspiration que j'étais, voir tant de chose se passer d'un coup, comme ça, de façon aussi imprévue, faisait naître un torrent d'imagination qui pourrait prendre forme à ma prochaine incursion onirique que j'effectuerai. Donc oui, forcément, je ne pouvais pas réagir autrement que de gesticuler et crier dans tous les sens tant j'étais excitée par le spectacle. De plus, la possibilité de voir de nouvelles “formes” de vie hors des livres que je pouvais lire sur le monde extérieur ne pouvait qu'accentuer davantage cette sensation qui irradiait tout mon être !

Alors que la bataille faisait rage, je pouvais à peine distinguer ce qu'il se passait réellement. Ma “vue” actuelle étant essentiellement basée sur les flux magique, je discernais essentiellement les effluves des sorts lancés par les Oubliés présents dans la bataille. C'est ainsi que je pu me rendre compte que l'un d'eux ne semblait pas suivre la lancée de ses camarades. Qui était-ce donc ? Son essence me permettait juste de savoir que c'était un mâle et son flux semblait troublé par le déroulement des événements. Bon... lui, faut que je me souviennes de son essence. Sait-on jamais si je finirai par le recroiser ou non ! Il serait bon de savoir le reconnaître. Parce que d'après les paroles du Nain qui m'avait accostée à l'instant, je me devais d'approcher les étrangères. Oh, je l'aurai fait même sans cette demande particulière de la part de Dummkhar... mais quelque chose me disait que, au cas où, si sa présence était dans les parages, il pourrait aider. Il ne semblait pas vouloir de mal à ces deux étrangères. De plus, dans ce brouillon magique, je peinai plus que tout à localiser Ydris au milieu de tout ça. Seule Pheare se démarquait de part son aura particulière...

En tout cas, l'arène vibrait. Que ce soit sous la violence des explosions magiques ou de part la passion et l'excitation que le public ressentait. L'air était tendue et sentait la poussière soulevée par cette lutte acharnée mêlée à l'évaporation des boules de feu qui se heurtaient au dôme, au sol, aux murs de l'arène ou contre le mur protecteur qui protégeait le public. Aussi horrible que cela pouvait paraître, aux premiers abords, la Lice était fascinante. Alors oui, ça terminait toujours forcément mal... mais depuis plusieurs années, j'avais le besoin de ressource constante d'imagination et de nouvelles expériences afin de créer dans mon monde. De créer afin de pouvoir trouver enfin un moyen de m'extirper de ses sous-sol et enfin parvenir à la surface ! Bien que cela devait aussi passer par la création d'armes. Je n'étais pas dupe. Je savais bien que si quelque chose me permettait d'y arriver et que je devais m'en prendre à quelqu'un, pour mon enfant que je souhaites retrouver, je serai prête à tout. Cela me briserait le cœur, évidemment... Enfin bon, il saura me guider le moment venu !

Soudains, une énorme déflagration détonna dans l'arène, me faisait sursauter. Etant partie dans mes songes l'espace de quelques secondes, je n'étais plus attentive à ce qu'il se passait présentement ! Cependant, le plus surprenant, ce n'était pas l'explosion et l'onde de choc provoquée. Enfin... si, un peu... quand même. Mais cette silhouette se tenant debout, au plein milieu de la zone d'impact, continuant de marcher et ne semblant pas avoir eu à craindre l'impact. L'aura particulière qu'elle avait me permit d’identifier Pheare du premier coup. Bouche bée, les coins de lèvre s'étirant doucement pour laisser passer un sourire furtif.

- Alors ça... C'est la classe ! Carrément la classe ! Me murmurai-je d'une voix troublée par l'excitation d'une telle démonstration d'assurance.

Pour rien au monde je ne devais en rater une miette et comprendre pourquoi elle était aussi coriace ! Était-ce sa propre constitution ? Était-ce un sort jeté par la Drow pour la protéger ? Était-ce cette aura étrange qui l'enveloppait, donnant l'air d'un trou noir et absorbait du coup tout ce qui pourrait la toucher ? Me fallait comprendre. De ce fait, contrariée que le dôme ne me permette pas de me rapprocher davantage, je tentais de me décaler à nouveau pour avoir un point de vue de sorte à pouvoir l'étudier. Là encore, mes semblables devaient se poser des questions. Je passais d'un état exciter, d'un soudais immobilisme pour finalement recommencer à me déplacer rapidement dans tous les sens.

Cependant, aussi forte que pouvait être ma frustration envers cette barrière magique, elle était là pour une bonne raison... Mon attention avait été tellement happée par la prestance de l'humaine que je ne vis même l'énorme masse magique la frôler et, finalement, me foncer droit dessus. Je n'eu même d'ailleurs même pas le temps de comprendre ce qu'il se passait qu'une énorme onde de choc me heurta, me poussant brusquement en arrière pour me retrouver assisse sur la rangée la plus proche. J'étais estomaquée... vraiment ! Je restais là, figée, à fixer le même point dans le vide, là où résidait le résidu de l'impact. En fait, finalement, les dômes magique, c'était cool. Très cool même ! Je ne dirai plus de mal sur eux, même s’ils me frustrent. Parce que là, clairement, je me serai faite emportée à travers les gradins et voire même en-dehors de la Lice, empalée sur ce joli bloc magique.

Néanmoins, à part moi qui restait bloquée dans un état de choc dû à cette explosion si proche de moi, la foule, quant à elle, s'électrisa soudainement dans un vacarme assourdissant avant d'exclamer son dégoût quand à une scène que je ne pu identifier clairement. Seule chose que je pouvais dire, c'était qu'il s'agissait là encore de l'humaine... Décidément. Venant apparemment de tuer deux personnes à la suite, sauvagement, je pouvais comprendre la réaction du public. Cependant, j'étais tellement captivée par ce qu'il passait que je réalisais enfin qu'un cor hurlait à travers toute la cité. Je n'y avais même pas fait attention, à vrai dire... Le vacarme ici était déjà tellement intense ! Je remarquais enfin les vibrations d'explosion lointaine sans savoir déterminer la cause de celles-ci. Était-ce l'oeuvre des monstres de Prugarass ? C'était bien la seule chose qui me permit de déplacer mon intérêt. J'attendais d'en savoir plus de la part du Roi  Nain car, maintenant que j'étais enfin attentive à ce détail, j'avais aussi complètement oblitéré le fait qu'il avait hurlé en pleine bataille que les condamnés ne cessent le combat. Allait-je devoir y aller avec d'autres soldats Oubliés et y assister l'armée Naine ? Mes yeux sautant des deux étrangères à l'endroit où les explosions détonaient.

Finalement, je ne pu en savoir plus... les personnes dans l'arène étaient reconduites là où ils devaient être et la foule Naine et Oubliée commença à quitter les lieux dans une cohue qui m'arrivait droit dessus. Ce qui ne manqua point, je me fis emportée dans le mouvement, suivant simplement le pas des autres Oubliés et tentant de me rapprocher des murs afin de ne pas me tenir au milieu de tout ça. C'était compliqué, je n'aimais pas être compressée de la sorte et je tentais de forcer le passage, ma main droite en avant dans l'espoir d'enfin toucher un mur sur lequel prendre appui et me sentir plus à l'aise. Mais évidemment, au vu de ce qui se passait dehors, la situation ne pouvait que s'aggraver. Une nouvelle explosion, plus forte que les précédentes, semblant aussi plus proche, secoua la foule tout autour de moi qui se mit à fuire de façon désorganisée dans tous les sens. Malgré la peur que pouvait flanquer cette attaque soudaine, elle me permit de me libérer de cette vague incontrôlable pour que je puisse respirer. M'aidant désormais des signatures magiques de certains de mes semblables pour me diriger dans la foule afin de sortir de la Lice.

Alors que je parvenais à m'en sortir doucement, une main m'agrippa soudainement le bras et je me sentis propulsée complètement à l'opposé. Qui ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ?! Ce geste me pertubait tout autant qu'il me mit en colère avant que je commence à comprendre ce qu'il se passait. L'air ambiante était soudainement plus... humide et fraîche. Le bruit extérieur était plus étouffé et je compris aisément là où j'étais en train de me diriger malgré ma cécité. La personne m'ayant propulsée ici, si je devais en déduire par la main que j'ai sentie m'empoigner le bras, ainsi que l'odeur qui m'avait envahit les narines à ce moment là, ça devait être l'homme Nain qui m'avait accostée dans les gradins. Ainsi, il ne m'avait pas quittée du regard jusqu'à maintenant pour être sûr que je n'aille pas n'importe où ? Forcément, je ne pouvais pas lui en tenir rigueur. Après tout, j'étais aveugle, tout le monde ignorait que je pouvais me permettre de distinguer légèrement les choses.  Surtout que cette arène venait d'être abondamment baignée dans la magie que les murs en étaient imprégnés, me permettant de les discerner quelque peu.  Mais au moins, maintenant, grâce à ce petit homme, j'étais là où Dummkhar voulait que je sois. Les étrangères ne devaient pas se trouver loin...

J'avançais alors doucement, ma main droite effleurant le mur, tentant de faire le moins de bruit possible, de contrôler ma respiration et la ralentir. Attentive à tout bruit pouvant surgir autour de moi, je me devais de me tenir prête à réagir... Mais c'était très calme. Contrairement à la cohue extérieure où je pouvais toujours discerner des bruits sourds par instant. Continuant d'avancer d'un pas délicat mais décidé, je me devais de trouver ces deux-là. Mes oreilles guettant, des voix au loin me parvinrent. Me stoppant net dans mon avancée afin de prendre le temps d'en analyser la provenance...

*Des voix de femmes... C'est peut-être elles ?*

Je les filais discrètement et plus je m'approchais de la source, plus mon cœur se mettait à battre la chamade. À l'angle du couloir, je me collais au mur, le souffle court. Pourquoi ? J'étais stressée évidemment ! J'allais faire une rencontre du troisième type avec des habitants de la surface qui, jusque là, n'était que dans des histoires, évidemment ! Y avait d'autant plus de quoi angoisser vu que ces mêmes voix projetaient de quitter les lieux et, en toute logique, retourner en-haut ! C'était ma chance... Il fallait que je me joigne à elles, immédiatement ! Du coup, malgré l'angoisse qui m'habitait, j'inspirai un grand bol d'air, me donnait tout le courage que je possédais et j'attendis qu'un blanc se posent entre ces dites voix pour faire mon entrée. Ce fut une voix déterminée, sans faille et, ironiquement, fluette.

- Cela vous dérangerai si je vous aide ? Annonçai-je, comptant alors trois silhouettes en face de moi. Je pu en reconnaître deux facilement. Mettant mes mains en évidence à hauteur de mes épaules, je m'approchais doucement afin de ne pas parler trop fort et être entendue au-delà de ces trois là. J'étais dans les gradins pour vous observer, Pheare et Ydris mais... vous... Mon expression changea soudainement, intriguée par la troisième personne en présence. L'essence magique était étrange, comme inexistante. Je pouvais à peine la remarquer, c'était la présence des deux autres qui me permettait de m'en rendre compte. Ah oui... pardon. Reprenant mon monologue en soupirant de gêne. J'en oublie mes manières... Je me nomme Shaïleen et, croyez-moi ou non, mais on m'a demandé de vous trouvez même si, de moi-même, je serai de toutes manières venue à votre rencontre alors... ça ne change rien au final et si je suis stressée, c'est juste que c'est la première fois que je vois des gens comme vous. Humain. Drow et... Me mordillant la lèvre inférieure, rongée par ma curiosité, je finis par céder et abaisser mes mains pour me rapprocher davantage de l'autre inconnue et, me murmurant à moi-même tout bas : Vous êtes... ?

Sans même prendre la moindre précaution, je m'approchai de la supposée vampire. Me penchant légèrement en avant afin de la distinguer davantage et l'inspecter avec attention avec le peu que je pouvais discerner. J'étais probablement complètement folle d'agir de manière aussi imprudente avec des personnes issues de l'extérieur qui pourraient avoir des habitudes bien différentes des miennes, coincée là depuis ma naissance. Néanmoins, cette silhouette vide de magie, ou du moins, pas comme j'en avais l'habitude de voir, semblait vouloir me dire que c'était peut être une vampire, une morte-vivante ou encore une autre chose dont j'ignorais l'existence de par mes connaissances limitées. Elle était complètement différentes des deux autres... en fait, elles étaient chacune différente à leur façon ! Celle se rapprochant davantage de la magie que je connaissais étant Ydris. Je pourrai peut être mieux me comprendre avec elle, c'était peut être ma clé pour obtenir les faveurs des deux autres pour m’incruster dans leur escapade. Mais bon... je ne me faisais pas d'illusion. Car comme j'étais penchée vers la vampire, l'observant comme une nouvelle plante, totalement excitée, j'avais tout de la personne socialement louche. Je m'attendais clairement à une réponse négative... Me préparant déjà à devoir les filer de loin. 

*Elles vont me prendre pour une folle... C'est grillé, c'est sûr.*

La remarque d'Ydris fit discrètement se retrousser la lèvre supérieure de Mina, révélant ainsi la base d'une de ses canines. Était-ce l'ébauche d'un sourire, ou bien l'annonce imminente d'un grognement ? Nul ne le savait. Quant au fait de l'imaginer avoir un plan, c'était comme dire que la nuit était sombre. La prédatrice méprisait bien trop Loominëi et sa bondieuserie de royaume pour lui faire don de son Destin. Là où le petit peuple se complaisait à gamberger sur une intervention Divine lorsqu'un évènement survenait, Mina elle, n'y voyait qu'une relation de cause à effet, où, pour les faits les plus étranges d'entre eux, un simple coup du hasard. Aussi, il n'était pas permis d'entreprendre une action, puis d'espérer que les choses se passent sans devoir s'y investir pleinement ! Telle était la philosophie du Vampire. Hélas, bien que tout ceci avait à voir avec sa libération, la prêtresse lunaire pouvait fort bien se passer des détails. N'importe quel prétexte ferait l'affaire pour éluder, mais Mina lui préféra le silence. Ydris n'avait qu'à faire marcher son imagination si elle voulait coute que coute avoir voix au chapitre.

L'air était humide, et en dehors des émanations que la noiraude sécrétait, les odeurs qui flottaient tout autour d'elle étaient par trop fades pour être en mesure de la rendre plus sociable. Et après avoir séjournée dans un vagin poisseux avec pour seule sortie, une fente baveuse, on ne pouvait que rendre légitime son humeur massacrante. Alors quand un nouveau parfum s'immisça dans ses narines, Mina fut partagée entre son instinct qui lui hurlait de chasser, et son expérience qui lui soufflait de laisser venir. Le bouquet de l'intrus mêlait excitation et curiosité, le tout agrémenté par un délicieux soupçon de crainte. En revanche, les effluves herbacées qui embaumaient son pourtour, ne laissaient planer aucun doute quant au sexe de celle qui s'approchait. Greluche fut le premier terme qui lui vint à l'esprit ! Et pour cause, seule une donzelle désoeuvrée sortant à peine de la puberté, se risquerait à arpenter ce dédale ténébreux la fleur au fusil. La marge d'erreur fut définitivement levée lorsque celle-ci s'annonça par le biais d'un son des plus nasillards ! Qu'importait le contenu de ces propos, le Vampire dut faire un effort considérable pour ne point lui arracher la gorge. En comparaison, la voix rauque d'Ydris avait pour elle une connotation funèbre, et l'écho lyrique de Pheare, le clairon triomphale d'une bataille gagnée d'avance. Mais elle, qui désormais se présentait sous le baptême de Shaileen, était aussi agréable à écouter qu'un chiard en train de couiner.

Lorsqu'elle était encore Humaine, Mina souffrait d'insomnie. Une fois, elle alla même jusqu'à se jeter contre un mur pour enfin pouvoir dormir. Cela lui valut trois jours de coma, avec en prime, une migraine à se fendre le crâne à coup de hache. Comble de malchance, la fatigue, plus pesante que jamais, l'accablait toujours ! Conscient de ce qu'il prenait pour de la folie, son entourage se chargea de la ficeler à son matelas. Incapable de bouger, que ce soit pour se nourrir ou bien se laver, la jeune fille s'adonna à la seule chose qui lui était encore possible, soit ; rejoindre les bras Sinah. En vain... Puis un soir, alors qu'elle était sur le point d'y parvenir, un moustique bourdonna à son oreille. Tel un maître frappant dans ses mains pour vous ramener à la dure réalité, la bestiole lui sommait de ne pas sombrer. Mina n'avait aucune idée de qui était la Divinité derrière cette saleté, mais à défaut de nom, elle était convaincue que tourmenter les Mortels était la ligne de conduite qu'il ou elle privilégiait le plus. Sinon pourquoi ce maudit insecte que sa vision floutée lui interdisait de voir, s'obstinerait à émettre cet horrible son à la seconde même où elle allait quitter ce monde pour celui des rêves, hein ! POURQUOI ? Elle se revoyait encore, toute chétive, à peine assez de viande autour de l'os pour ressembler à un humanoïde, coincée dans ce lit à se faire persécuter par un être insignifiant. Tel était son ressentiment à l'égard de cette Shaileen. Jusqu'à ce que ce passé n'émerge de ses tourments pour littéralement se matérialiser dans le réel ! Profitant à peine du silence qu'elle daigna lui accorder après qu'elle en eut fini avec ses futilités, la gamine se comporta comme le moustique. A pas feutré elle s'approcha, et au moment où elle pensait ne plus l'entendre, le redouté "iiiiiiiiiIIIIIIiiiiii" lui extirpa une rage qu'elle refoulait depuis cette nuit où l'insecte la priva de son unique moment de quiétude. "Vous êtes... ?" avait-elle formulé, Mina sut d'emblée quelle réponse cette question allait recevoir...

- Celle qui va te bouffer. Murmura la prédatrice avec une étonnante délicatesse. Le temps que ses synapses relaient l'information afin de déterminer la logique qui se cachait entre la menace émise et la douceur de sa voix, Shaileen se retrouvait plaquée au mur.

Un grondement sourd provint du plus profond de sa gorge, suivi par un souffle glacé qui lui lécha le visage. A la manière de Syriona, Mina maintenait l'impertinente par la gorge bien au-dessus du sol. Et alors que ses griffes s'enfonçaient lentement dans sa chair, de sa main valide, elle se saisit violemment de son épaule droite, agrippa l'articulation...

- Une éclanche d'orchidoclaste. Cracha le Vampire alors que ses prunelles ardentes consumaient son âme. A la suite de ces mots presque sifflés, le silence s'imposa de lui-même, instant que Mina employa pour jeter un rapide coup d'oeil en direction de Pheare et Ydris. Ses yeux luisaient d'une intention malveillante, ce qu'elle confirma aussitôt lorsque la prédatrice s'adressa à ses alliées : - On partage ?! Avait-elle aboyé toutes dents dehors.

Forte de cet élan meurtrier, Mina se laissa surprendre par une vive douleur à la hanche. Ses tympans bourdonnèrent puis un voile rouge lui tomba devant les yeux. Etourdie, elle plissa des paupières afin d'endiguer ce flux, puis secoua par deux fois la tête. Le Vampire n'avait point lâcher sa prise, ce fut donc en conservant la position qu'il sonda les environs. Malgré l'altération dont souffrait sa vision, Mina parvint à distinguer une silhouette à la fois trapue et courte sur pattes. Un curieux objet à l'extrémité fumante reposait dans ses mains boudinées. Elle n'en perçut guère plus, mais fut forcée d'entendre. Car en dépit des acouphènes qui lui martelaient le crâne, la voix caverneuse de l'homme résonna entre ses tempes.


- Personne n'élaguera personne ! Tonna le nouveau venu. Le doigt sur la gâchette, la gueule évasée du canon convoitait sa cible. Lâche là, ou je t'arrange le portrait ! L'effet ne sera pas le même à cet endroit, tu peux me croire.

En réponse, le Vampire modela son faciès à mi-parcours entre l'humain et la chauve-souris. Son derme s'obscurcit, ses oreilles s'étirèrent, son nez s'enfonça pour n'y laisser qu'un cratère, et ses crocs s'allongèrent jusqu'à atteindre la base de son menton. De la bave en écume commença a dégouliner de sa bouche métamorphosée, et lentement, très lentement, sa tête pivota pour lorgner le nabot.

- Tu n'as vraiment pas une gueule de porte-bonheur ! Commenta le Nain. Mais si je dois me répéter, tu n'auras plus à te soucier de ton apparence !

Après les Démons de Prugarass, plus grand monde n'était en mesure d'intimider Duumkhar, exception faite du Roi peut-être. Mina le comprit rapidement, et après avoir regardé la blessure qui ornait désormais son flanc, elle marqua un temps d'arrêt. Ce que le bout d'homme ne manqua point d'exploiter. Il en allait de la vie de Shaileen !

- Grouille ! Intima le guerrier tout en faisant cliqueter le mécanisme de l'arme.

La prédatrice soutint son regard une demi-douzaine de secondes de plus, comme pour le provoquer, avant de finalement s'écarter de la greluche. Duumkhar s'empressa alors de la rejoindre pour la soutenir, mais sans pour autant perdre cette garce de vue. Ce moment d'accalmie permit au Nain d'entrevoir les deux étrangères dont Rozmiar ne cessait de faire l'éloge. Devant ce constat, la colère le prit d'assaut.

- La voilà donc, la fine fleur de la surface ? Dit-il d'une voix agressive. Vous êtes deux, et il n'y en a pas une pour se bouger le cul ! Puis d'un ton empli de sarcasme, il annexa ce petit pic : - Il doit être grandiose votre monde, peuplé de couards aussi manifestes !


A sa manière, chacun fut surpris par l'arrivée de Shaileen. Mina peut-être plus encore, et avant que l'une d'entre elles ne puisse intervenir, l'Oubliée se retrouva placardée au mur. Le Vampire fut trop rapide, et comme pour préserver son ascendant, la prédatrice la figea, elle et très certainement Ydris aussi. A son corps défendant, la prêtresse ne bougeait plus, il n'y avait qu'à lire dans ses yeux sombres pour se faire une idée du contenu de ses pensées. Et bien que Pheare nageait en pleine ignorance quant à la force qui l'entravait, elle peina à cacher son effarement concernant le fait de ne pouvoir en faire fi. Le linceul invisible qui l'enveloppait laissait son exuvie sans force, incapable de s'en défaire... La jeune femme supposa alors que ce pouvoir n'était point mu par la magie, et à moins que Mina n'en décide autrement, elle demeurerait spectatrice de l'empoignade qui se jouait devant elle. Ses mâchoires étaient soudées, ses paupières collées. Son visage semblait être coincé derrière un moule de verre, avec pour seule expression ; l'effroi. Outre la stupéfaction qui découlait des agissements de son alliée, Pheare craignait pour la vie de Shaileen. Sa figure le plaidait. Non pas que son existence revêtait une importance particulière, mais le chevalier qu'elle était condamnait vigoureusement les actes auxquels se livrait Mina. Leur lot d'ennemis était déjà si nombreux qu'elle ne pouvait les compter, or, les Oubliés, même si cette manifestation n'eut lieu que par le biais d'un mioche, furent les seuls à leur témoigner respect et espoir. Occire cette fille serait pour ainsi dire, les livrer au talion, ce qui serait une juste sanction. Mais était-il nécessaire d'en arriver là ? certainement pas !

La providence fut au moins aussi violente que le Vampire. Une détonation assortie d'une explosion vermeille l'ébranla sérieusement. Pheare vit du coin de l'oeil l'auteur de cette pétarade, sans toutefois parvenir à le détailler. L'homme réprouvait le traitement que subissait l'Oubliée, et comptait bien y mettre fin. Ce fut en revenant sur Mina que l'Humaine se laissa gagner par un frisson. Un trou béant rognait à présent sa taille, comme si sa silhouette avait été croquée par un géant. Son sang avait jailli en tout sens, maculant de sa robe écarlate l'intégralité de ses traits. Ainsi souillée de son propre fluide, la prédatrice dévisagea l'importun. Et de l'échange qui s'en suivit, sa face ensanglantée fut troquée en démoniaque doublure, plus hideuse encore que le spectre livide de son pendant sombre... L'intervention du Balrin eut malgré tout le mérite d'entamer l'emprise que Mina exerçait sur elle. L'espace qui cernait ses atours était moins dense, d'un statut de granit, il devint boueux, marécageux. Toutefois, même si elle n'était plus scellée dans la pierre, l'effort requis pour se mouvoir exigeait d'elle une forme physique absolue. Aussi préféra t-elle préserver ses forces en vue d'une action future.

En dépit de l'air menaçant qu'affichait le monstre, le Nain ne fléchit point. L'Oubliée qu'il secourait avait beau se trouver sur le fil du rasoir, pas une fois il ne se laissa dominer. Et à la surprise générale, ce fut même le contraire qui se produisit. Mina, venait de lâcher la gorge de Shaileen. Son visage lui était revenu, mais un ronflement étouffé s'élevait depuis ses entrailles. L'homme rejoignit finalement l'Oublié, s'assura qu'aucun mal ne lui avait été fait, puis leva les yeux sur elles. En fixant Ydris et Elle-même, son regard sévère s'obscurcit aussitôt. Et bien qu'il gardait Mina en joue, la jeune femme sentait que s'il avait assez d'armes et de mains pour les tenir, il les braquerait toutes. Pheare ignorait qui était Shaileen pour cet homme, mais elle acceptait sa colère. Car dès le premier tir, il aurait pu viser la tête, ce qu'il s'abstint de faire. Pourquoi ? Le Nain avait très certainement sa petite idée sur la question, mais c'était sans compter sur la prédatrice qui était passée maître dans l'art d'énerver ses rencontres.

- Tu ne sais pas la moitié de ce que tu crois savoir, foutriquet ! Cracha Mina qui sollicitait sa régénération.

- Foutriquet ? Répéta Duumkhar perplexe, et tout en aidant Shaileen à se remettre debout, il comprit ce qu'essayait d'accomplir sa vis-à-vis, aussi ajouta t-il d'un ton amer : Les ergots d'Ash'valmar favorisent l'hémorragie en plus de rendre caduc les aptitudes régénératives.

Curieusement, l'homme ne trahissait aucun accent. Il parlait leur langue comme s'il s'agissait de la sienne. Quant à Mina, après avoir saisi les mots du Nain, examina son flanc plus en détail. Non pas avec ses yeux, mais avec ses doigts. Elle écarta ses chairs sanguinolentes, puis y introduisit ses phalanges au prix d'une immonde grimace. Pheare témoigna de son empathie en serrant les dents, ce qui lui fit par ailleurs se rendre compte qu'elle n'était plus sous l'emprise du Vampire. Lorsqu'elle était prisonnière de cette force, la jeune femme s'imaginait exécuter toutes sortes d'actions, mais maintenant qu'elle était libre, elle ne savait plus quoi faire de ses dix doigts. Et pour cause ; l'Oubliée était sauve, le Nain n'était pas encore en danger, et Mina s'afférait sur sa blessure. Instaurer le dialogue lui sembla alors être une bonne idée.

- Calmez-vous ! Grommela Pheare, fatiguée de ces éternels conflits. Se tournant vers la prédatrice, elle commença par la sermonner : Mina ! vous n'allez pas recommencer vos simagrées. Je tiens à vous rappeler que vous êtes revenue pour nous aider, non pour empirer les choses. Puis d'un ton plus calme, elle poursuivit : Tous ne sont pas des monstres que seule la mort peut raisonner. Forte de cette conviction, la jeune femme se tut le temps de faire face à Shaileen et son sauveur. Nous serions intervenues si nous l'avions pu. Se justifia t-elle alors, frustrée de l'éloge peu flatteuse qu'il fit d'elles peu avant.

- Ah oui ? Moufta Duumkhar d'un oeil accusateur. Je pense plutôt que...

Pheare haussa un sourcil lorsque le bras du Nain se mit à trembler. De son autre main, il agrippa tout-à-coup le poignet qui servait d'appui à la crosse de son arme. L'inquiétude gagna progressivement ses traits jusqu'alors figés dans la colère. Etrangère à ce qu'il se passait, ce fut seulement au moment où elle vit le canon du "lance-projectile" pointer sous son menton, que la jeune femme se retourna vivement vers Mina !

- Ben quoi ?! Rétorqua la prédatrice avec un petit sourire en coin. Il ne te croyait pas. En dépit de la douleur qui la lançait et du sang qui s'écoulait sur le sol, Mina n'avait aucune intention de capituler. Tu penses que ta cervelle peut gicler jusqu'au plafond sous cet angle ?

- ASSEZ !!! CA SUFFIT !!! CA SUFFIT !!! CA SUFFIIIIIIIIIIT !!! Hurla finalement Pheare, complètement hystérique.

- Navrée si je te choque, mais on a pas le temps pour les gâteries ! Répliqua aussitôt Mina. D'autres risquent leur peau pendant que ces énergumènes nous importune ! Libre à toi de copiner si là est ton fantasme, mais tu ne le feras pas au prix d'être auquel je tiens, pigé ?!

Et alors que le Nain luttait de toutes ses forces pour échapper au souffle de son tromblon, d'un coup, son membre lui appartint de nouveau. Des sueurs froides perlaient sur son front, tandis que ses yeux ne décrochaient plus de ce bras qui manqua de se retourner contre lui. Les mots de Mina furent néanmoins parfaitement entendus, et Pheare fut la première à réagir.

- Attendez, vous n'êtes pas seule ? Mais... Coupé par le barbu, le chevalier d'Enkidiev se mura dans le silence.

- J'ignore tout des ressources que tu as déployé pour libérer ces femmes, mais tu ne parviendras jamais à quitter Rozmiar sans notre aide ! Intervint le Nain.

- Et je suis là pourtant. Se moqua Mina.

- Vous n'êtes pas les premières créatures à franchir la géode. Rétorqua t-il en déposant son arme derrière lui. Entrer n'est pas le plus difficile, en sortir en revanche... Même en unissant vos forces, vous ne passerez pas.

- Laisse-moi deviner. Tu es le seul à connaître le passage secret qui nous conduira au dehors sans livrer bataille, mais refuseras de nous le dire si on ne fait pas quelque chose en échange, n'est-il pas ?!

Satisfait de l'attention que lui porta cette Mina, le façonneur répondit à cette dernière avec calme et respect. - Tu as faux sur toute la ligne, mais comme tu l'as tantôt précisé, nous n'avons guère de temps pour la version longue, aussi devras-tu te contenter de la courte.

- Depuis quand il y a un "nous" ?! Interrompit sèchement le Vampire.

Et alors que la réflexion de la prédatrice laissait le Nain sans voix, Pheare s'immisça derechef. - Même si vous le vouliez, vous ne le pourriez. Puisque vous ne pouvez aller à l'encontre des désirs de votre Roi.

Cette remarque pleine de bon sens fit littéralement pétiller les prunelles du façonneur. Cela lui permit par ailleurs de rebondir afin de riposter à la tirade de la femme aux dents pointues : - Je ne suis plus concerné par ce lien, Madame. Je me suis émancipé du... C'est alors qu''un bruit sourd le coupa net dans son allocution.

Pheare tressaillit, fit volte-face, puis feula sous l'effet de la surprise. Mina était à terre, sa sève ruisselait autour de ses pieds, inondant les interstices qui trahissaient la forme irrégulière des dalles. Et alors qu'elle arrachait de sa hanche un de ces fameux "ergots d'Ash'valmar", son regard ténébreux se planta dans le sien, avant de se river sur Ydris. Il n'y eut nul besoin de parole pour comprendre ce qu'elle attendait de la prêtresse Drow. Un brin de chirurgie...

Mina était effectivement de mauvaise humeur. Cela pouvait aisément se comprendre si l'on prenait en compte le fait qu'elle avait du s'introduire dans une cité naine je ne savais trop comment, avant de parvenir jusqu'ici. C'est donc sans surprise qu'elle ne prêta guère attention à ce que je racontais et se contenta du silence comme réponse. En tout état de cause, et même si son récit m'intéressait au plus haut point, j'attendrais d'être sortie d'affaire pour avoir davantage de détails. Profitant simplement de l'occasion telle qu'elle se présentait, je sentis bien avant de voir des émotions pour le moins étranges toutes proches... J'aurais aimé dire que la présence ne nous aperçut pas, qu'elle se trompa de couloir, hélas il n'en fut rien et bientôt, une silhouette chétive, presque une enfant, se présenta à nous. Assurément son apparence allait de paire avec ses émotions. Une certaine innocence couplée à une curiosité qui ne lui serait ici d'aucune aide. Je pris le temps de l'observer sans mot dire, gardant un œil sur les émotions de Mina qui passèrent de l'agacement à la colère voir la rage dés que la fille ouvrit la bouche. Pourquoi ? Qu'est ce qui provoqua une telle tornade au plus profond de la vampire ? Impossible pour moi de le comprendre. Néanmoins, sentant que notre chère amie buveuse de sang ici présente ne se contiendrait plus longtemps, je voulus faire quelques pas, afin de me placer devant Shaileen puisque tel était son nom. Hélas je remarquais alors qu'il m'était impossible de bouger. Je ne contrôlais plus mes membres, comme s'ils ne m'appartenaient plus. Une coquille voilà à quoi il était rendu. De même, je ne pus articuler aucun son, mes mâchoires étant réduites à l'état de futilité.
Sans l'ombre d'un doute, ce petit tour était dû à Mina. Je n'avais aucune idée du comment, par contre je supposais qu'il agissait aussi sur Pheare puisque la femme chevalier n'intervint pas alors que la vampire plaquait Shaileen contre le mur. Notre alliée jouait avec sa victime prenant plaisir à l'effrayer et la blesser chose que l'humaine comme moi même n'aurions pas tolérer en d'autres circonstances. L'énervement pouvait se lire dans mon regard. Mina se laissait dominer par ses instincts dans un moment crucial. Cette petite ne méritait aucunement ce traitement, et bien que sa vie ne me tenait pas particulièrement à cœur, nous n'étions pas censées faire des oubliés nos ennemis.

Soudain, je cessais de m'intéresser aux environs immédiats. Mes esprit avait ressenti une autre présence, aux intentions bien plus dangereuses que la petite oubliée. Evidemment, pas moyen de faire connaître le nouveau venu aux oreilles de notre chère compagne puisque celle ci m'avait privé de mes moyens. Je n'avais présentement qu'une envie : Estriller la vampire. La détonation qui s'en suivit s'en chargea pour moi. Je ne vis pas ce qui venait de causer un tel vacarme mais en aperçut les effets. Mina était couverte de sang et un large trou occupait son coté. La voix qui l'accompagna me renseigna quant à ses motifs chose qui me causa un certain soulagement. Ce nain manifestement, était là pour Shaileen et il ne cherchait pas à nous tuer, du moins sur le moment. En effet le Balrin aurait eu tout le loisir d'en finir avec notre incontrôlable alliée mais s'était contenté de la blesser. Je pus également constater que l'emprise de la vampire sur mon corps s'était relâchée. Ce n'était pas encore des plus fluide, mais ça s'améliorait. Et alors que je plaignais sincèrement la douleur ressentie par Mina, une partie de moi ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au ciel alors qu'elle continuait à user de ses forces inutilement. Je crus que jamais nous ne parviendrons à un calme relatif lorsque contre toute attente, elle finit par lâcher la pauvre fille. Je lâchais un souffle que j'ignorais retenir depuis un certain temps. Le nain, lui, ne relâcha pas sa vigilance, se plaçant devant sa protégée. Mina entreprit de palper sa blessure et à mon propre étonnement, je pus allonger le bras comme pour lui dire de ne pas aggraver son état. Je remarquais alors qu'elle n'avait plus aucune emprise sur moi et j'observais mon bras se mouvoir avec un certain effarement.

Le temps que je retrouve mes sensations, Mina, le nain et Pheare arrivée en renfort pour calmer les esprits échauffés avait commencé un brin de causette. L'humaine tentait de raisonner dame vampire qui n'en loupait pas une pour faire la maligne. Je soupirais lentement sans chercher à entrer dans la discussion. Je n'avais encore jamais vu la femme chevalier s'énerver de la sorte ce qui fit naître un sourire sur mes lèvres. Elle était adorable lorsqu'elle s'agitait ainsi. Nous apprîmes au passage que Mina n'avait pas fait cavalier seule pour nous prêter main forte, et que le Balrin n'était apparemment plus sous le joug du roi avant que n'arrive ce que j'attendais depuis un moment. Mina s'effondra, rattrapée par sa blessure. J'eus presque envie d'ajouter "enfin" puisque cela coupa net les palabres. Au regard qu'elle me lança, je fis demi tour direction ma cellule, attrapait la cruche d'eau qu'il me restait avant de m'approcher du vampire et me placer à sa hauteur avant de la regarder dans les yeux.

- Arrêtez ça, vous allez aggraver votre cas. Lançais je sèchement.

Passant mes mains à l'eau, je palpais à mon tour les chairs abîmées, repérant les morceaux d'ergots d'Ash'valmar. Il fallait tous les enlever afin que la régénération de Mina puisse opérer. J'opérais alors le plus rapidement possible, écartant les tissus, nettoyant les alentours de la plaie à l'eau afin de mieux voir et de parvenir à retirer chaque morceau. Pour ce faire, j'utilisais deux ergots dont je fis une sorte de pince. Ainsi sans souiller davantage la lésion, et avec davantage de précision qu'en utilisant mes doigts, je m'employais à retirer les autres pics. Sermonner Mina était tentant, mais le temps comptait aussi, plutôt que de gaspiller ma salive, je m'adressais à Shaileen et au nain, sans toutefois les regarder ni cesser mes actions.

- Bon... vous êtes qui exactement, et pourquoi voudriez vous nous aider d'une quelconque manière ? Vous n'avez pas l'intention de nous tuer, alors que nous voulez vous ? De toute façon nous n'irons pas plus loin tant que Mina ne sera pas sur pied, alors autant vous exprimer maintenant.

Sur ce, je me tus, me concentrant sur ma tâche. Je voulais la gifler d'avoir prit autant de risques, et d'avoir attendu si longtemps avant de se permettre de flancher. Plus têtue que Mina ? impossible. Je me contentais pourtant de grommeler de façon peu audible, mes mains s'affairant sans aucun tremblement. Je sentais le corps de la femme palpiter, tressaillir sous mes doigts. C'était... peu ragoutant. Et pourtant cela me ramena bien en arrière lors de la guerre contre les elfes de mes contrées natales. J'avais appris l'art de soigner, d'extraire, voire de recoudre avec les moyens du bord. Les enfants drow du monde des anciens apprenaient dés leur plus jeune âge de telles choses, la guerre étant leur lot quotidien. Les femelles en particulier puisqu'il leur était interdit de prendre les armes, devenaient habiles dans ce domaine. J'aimais me sentir utile en apprenant et reproduisant les gestes de mes ainés. C'était un passé lointain, teinté de tristesse mais aussi d'unité, chose que je n'avais pas retrouvée depuis mon départ. Ni a Féérune, ni dans ce monde.

Finalement après un peu de temps il me sembla que la plaie était propre, ou du moins que plus aucun ergot n'y était logé. Ceux que j'avais retiré étaient placés juste à ma gauche. Il y en avait une bonne douzaine, cela formait un joli petit tas sanguinolant. Je rinçais une dernière fois les chairs avant de signifier à Mina que c'était terminé. Je ne pouvais faire plus sans un minimum de matériel. Me rinçant les mains, je lançais un regard interrogateur à la jeune femme. Avait elle besoin d'autres soins ou sa régénération allait elle fonctionner à présent ? Au besoin je n'hésiterai pas à invoquer mon sort de régénérescence.

Un silence de mort s'était installé entre les surfaciennes et moi. Je commençais à reconsidérer mon approche en espérant que je ne me fasse pas rejeter avec violence. Respirant lentement, je ne voulais émettre aucuns sons, comme dans l'espoir de me faire soudainement oublier. Mais bon, c'était sans compter sur le fait que je m'étais pointée comme une fleur, au milieu d'une conversation où elles désiraient probablement aucunes intrusions extérieures et que, aussi, je me tenais au beau milieu du couloir qui leur permettait de sortir de l'impasse dans laquelle elles se trouvaient toutes les trois. La tension était forte mais le temps me semblait atrocement long. Une gouttelette froide tomba du plafond pour s'écraser sur le sommet de mon crâne et glisser le long de mon front. Me faisant faire un sursaut, me ramenant ainsi à la réalité. Je devais faire quelque chose, ou du moins, dire un truc afin de désamorcer la situation parce que là, ça devenait terriblement gênait, pour moi et pour elles.

Cependant, à peine eu-je le temps de prononcer le moindre mot qu'un étrange phénomène vint perturber les flux vitaux de Ydris et Pheare. Comme si un film invisible les enveloppait, toutes les deux, et que leur énergie se débattait à l'intérieur pour tenter de percer cette soudaine prison. C'était ironique... vu qu'elles étaient déjà dans des prisons... Me mordillant l'intérieure de la joue, me retenant de faire la moindre remarque quant à ce blague moisie que je m'étais montée dans le crâne. Et une voix, provenant de la personne devant moi, celle que j'avais interrogée, fendit le silence subitement, m'empêchant alors d'interroger à nouveau ces trois-là. Mon corps n'eut même pas à programmer la chair de poule et mon cœur n'eut même pas à battre la chamade pour m'aider à filer à toutes allures qu'une main m'empoigna la gorge, me souleva d'une force que je n'aurai jamais soupçonnée et mon dos heurta avec violence le mur humide en pierre sur ma droite. Je n'avais même pas eu le loisir de gémir sous l'impact tellement sa main enserrerait fortement mon cou et écrasait mes cordes vocales. Autant dire que je l'avais mise en pétard...

Donc, était-ce elle qui était à l'origine de ce qui perturbait les flux des deux autres femmes ? Elle les avait paralysées entièrement ? Mais... était-ce seulement de la magie ? Je ne parvenais même pas à détecter quoi que ce soit... en plus, j'étais même persuadée que mon masque fonctionnait bien ! Mais au vu de la force déployée et de ce pouvoir spécifique, je me permis de déduire qu'elle était bien une vampire vu que c'était les détails qui revenaient le plus souvent quand ils étaient cités dans les livres que je parcourais ou les histoires que je pouvais entendre. Mais bon, cessons de divaguer, y en a une qui s'apprête à me bouffer quand même ! Je n'ai pas le temps pour réviser mes cours !  

- Me... Bouffer, hein? Tentai-je de dire, le souffle coupé, ne cherchant même pas à me débattre avec ma faible force physique face à elle. J'ai toujours... voulu savoir... Prenant une grande inspiration pour ne pas finir asphyxiée, je conclu par:Quel goût j'ai et je serai ravie de... faire votre connaissance ainsi.

Euh ouais... c'était pas très intelligent de provoquer de la sorte ou de lancer des répliques aussi maladroites dans de telles situations mais qu'y pouvais-je bien y faire, hein ? J'essayais toujours de rire de chaque situation et n'en laisser aucunes d'elles abattre ma volonté. C'était comme ça que je tenais depuis que l'on m'avait enlevé mon fils. Donc peut importe ce que vous en pensez, je me remodélerai pas à votre convenance.

Mes mains agrippant le poignet oppressant de la vampire, plus par intérêt que par réflexe, je pouvais enfin apprécier le contact avec un être venu du dessus. Je m'étais toujours demandée comment je me sentirais une fois que je serai proche de l'une d'elles. Quelle odeur elles avaient. Ce que je pourrais ressentir si j'en venais à en toucher l'une d'elle. Bon là... manque de bol, c'était aux prémices d'un carnage sur ma personne que je découvrais enfin une réponse à une de mes questions. Posés mes mains sur le bras de cette vampire éveilla en moi un intérêt certains mais je n'en fis pas plus. Bien qu'à la base, il ne devait y avoir que l'humaine et la drow... La vampire était  une véritable surprise qui m'émerveilla de plus belle. Sauf que... Je ne pouvais pas en profiter plus que cela. L'air commençait à me manquer et, ma tête, petit à petit, se mettait à tourniquer dans tous les sens alors que cette même voix glaciale, presque sifflée, me faisait comprendre qu'elle allait me déguster. Je pouvais aisément ressentir son souffle me humer. Me déclenchant étrangement des frissons le long de la nuque et du dos. Une main m'avait saisis l'épaule, ses ongles... enfin, griffes... s'enfoncèrent dans ma chair. Me faisant serrer des dents mais toujours sans geindre. Si je n'avais pas été aveugle, je serai actuellement en train de tenir son regard avec force. Je ne céderai pas face à qui que ce soit... néanmoins, même si j'avais des maigres connaissances sur les races d'au-dessus, je n'avais pas imaginé terminer en casse-croûte. Encore un coup de ma constellation ça... Elle souhaitait même partager son repas ! Je pensais que les vampires étaient tous égoïstes et individualistes... une petite erreur que je m'empresserai de corriger dans le bouquin que j'avais lu, tiens...

- Je commence... à manquer d'air... pouvez-vous me relâcher ? J'ai pas... prévu de terminer en banquet dans l'immédiat... Tentai-je à nouveau de demander, lentement, toujours étouffée par cette puissante main.

À vrai dire, c'était qu'à cet instant que je commençais à me débattre et à appuyer du plat du pied contre le mur pour tenter de trouver appuis. Mes mains serrant de plus en plus fort le poignet de la vampire, que je sentais extrêmement proche de moi. Mon sang dégoulinant sur ma clavicule et ma poitrine était chaud, les griffes de la créature ne cessèrent pas de s'enfoncer et, à force, je me demandais quand elle finirait par me briser les os.

- S'il vous plaît... je dois vous... parler... Important...

À peine eu-je le temps de terminer ma phrase que j'allais conclure afin de me sortir d'affaire, une détonation vrilla l'air ambiant, perçant les tympans de quiconque se trouvait assez proche de la source. Alors en plus, dans un espace clos comme celui-ci... c'était amplifié ! Mes oreilles sifflèrent. Je sentis la main qui me retenait tressaillir, serrant plus fort ma gorge par spasmes. Ce qui me permit de comprendre qu'elle était la cible de ce bruit soudains. Mais moi, dans tout ça, je perdais toujours de plus en plus d'air, ma gorge était d'autant plus compressée et je tentais de ne pas laisser mon corps paniquer et privilégier de retenir mon souffle et respirer très lentement. Mais au milieu de tout cela, je perçu une voix que je reconnus tout naturellement : C'était Dummy ! Il avait le don de toujours tomber à pique, avec moi. Je n'ai jamais su s'il avait un sens caché ou, plus étrange, passait son temps à m'observer de loin à longueur de journée et intervenir quand ça chauffait pour moi. Enfin, c'était pas l'important. Fallait que la vampire me lâche sinon j'allais moi-même user d'un sort pour m'en défaire et profiter de sa faiblesse soudaine pour y parvenir.

Ma main droite commençant à tapoter ma hanche droite, à la recherche de ma sacoche qui était malheureusement compressée entre mon dos et le mur, je ne pouvais pas me saisir de mon cristal de force. Je comptais, malgré moi, l'utiliser pour l'envoyer s’emplâtrer sur le mur face à moi et pouvoir respirer à nouveau. Pouvoir enfin leur dire ce que j'avais à dire. Dummy avait pris l'ascension sur la vampire et, avec force, demandait à cette dernière de me relâché. Chose qu'elle finit par faire, non pas sans peine. Elle tenait vraiment à m'avoir pour elle.

L'emprise de sa poigne partie, tout mon corps glissa le long du mur, atterrissant sur les fesses, reprenant enfin ma respiration. Bruyamment et à pleins poumons. Ma gorge me faisant un peu mal, je me la massais d'une main et de l'autre, je prenais appuis contre le mur afin de tenter de me relever. Sauf que, finalement, se fit l'épaule de Dummy qui vint à ma rescousse et je pu me relever sans trop de peine.

- J'avais la situations en main... Ironisais-je comme à mon habitude dans ce genre de situations pour ne pas perdre la face. Mais... j'avoue... tu sais faire tes entrées... Finirai-je par lui murmurer doucement, avec une certaine taquinerie dans le ton même si mon visage exprimait de la joie de le voir ici.

À vrai dire, ma tête tournait dans tous les sens et malgré que tout le monde semblait s'adresser des doux mots, j'essayais de suivre le fil de ceux-ci. Mon Dummy avait les mots durs. La vampire n'était pas en reste. Mais soudains, alors que cela pouvait partir en vrille à tout moment. Pheare intervint pour tenter de calmer tout ce beau monde. On était à deux doigts de répéter le scénario de l'arène au-dessus de notre tête. Heureusement qu'une d'entre nous avait la tête sur les épaules. Enfin... je l'aurai fais moi-même. Mais là, je n'aurai pas su aligner deux mots convenablement avec ma gorge blessée et ma tête faisant des montagnes russes. J'aurai fait une piètre prestation, en plus d'aggraver mon cas.

Pheare avait appelé la vampire Mina ? Bon, au moins, je n'aurai pas à réitérer ma question. C'était une bonne chose de faite... Ensuite, elle se tournait vers moi afin de s'excuser de n'avoir rien fait. Enfin... de n'avoir rien pu faire. C'était donc bien ce qui me semblait avoir perçu sur leur enveloppe, quelque chose les avait figées sur place. Il me semblait bien avoir entendu dire que certains être d'en-haut étaient doués de télékinésie, une sorte de magie d'attraction, quelque chose comme ça... Au moins, maintenant, je savais comment cela se matérialisait dans ma vision actuelle. Cependant, pour l'humaine, je ne fis que sourire avec un mouvement de la tête pour lui faire comprendre qu'elle y était pour rien.

- Je sais... Je l'ai vu. Enfin... remarqué. Je ne vous en veux pas. Lui répondis-je d'une voix enrouée mais qui se remettait tranquillement du choc qu'elle avait pris. Me raclant la gorge de temps à autres.

Néanmoins, Dummy s'apprêtait à lui répondre sèchement quand il se fit stoppé net... Il me fallu qu'une seconde à peine, maintenant que je reconnaissais l'effet, que Mina était en train de prendre contrôle sur son corps. La même perturbation agissait sur lui. Ni une ni deux, j'agrippais son bras afin de le bloquer comme je pouvais. Même si je servais strictement à rien, vu qu'il avait plus de force que moi, je faisais l'effet d'une mousse posée sur un rocher humide : Rien. Son bras continuait de se mouvoir en tremblant. Comme s'il avait soudainement l'intention de se tirer une balle, comme ça. Cette « magie » était dangereuse mais il me faudrait apprendre à la matérialiser de mon côté pour tenter d'en créer un simulacre et en faire usage à ma manière dans mes périodes éveillées. Heureusement, Pheare était contre Mina pour le coup et je pouvais espérer compter sur elle pour qu'elle ne m'exécute pas Dummy sous les yeux ! Enfin... vous avez compris.

M'agrippant fortement à son bras, servant toujours à rien, soudains l'humaine se mit à hurler. Elle était devenue hystérique d'une manière si soudaine que, mes oreilles déjà affublées d’acouphènes, décidèrent de ne plus filtrer le son et m'envoyer la purée dans la tête. En plus de cela aussi, Dummy récupéra son corps et, aussi soudainement, la force que j’exerçais pour retenir son bras, ce dernier n'opposant plus de résistance, m'envoya au sol.

- Ah bon sang... Me relevant, tapotant mes vêtements désormais complètement ruinés avec la saleté traînant ici. Tu vas biens ? Tu n'as rien? M'empressais-je de demander à ma moitié de cœur et de taille.

Le voyant récupérer toutes ses mouvements, j'étais rassurée. Pheare ayant réussi à faire lâcher prise à la vampire qui s’arrêtait réellement à le tuer. Moi qui pensait en premier lieu qu'elle voulait juste l'intimider un peu. Néanmoins, plusieurs détails avaient attirés son attetention. Mina avait fait la mention « d'êtres auxquels elle tenaient ». Donc d'autres vampires ? D'autres créatures ? Au moins, je pouvais tirer un trait sur les monstres du Prugaras ce coup-ci. Néanmoins, il était bon de noter que des renforts étaient là. Ce serait peut être plus simple de sortir à la surface finalement. Bien que j'ignorais comment voulait procéder Dummy. Je n'avais jamais trouvé le moyens d'y parvenir. Après tout, même si on vivait plus ou moins en harmonie avec les Balrins, nous, les Oubliés, étions quand même retenus «en otage » même si le mot était peut être un peu fort. Donc c'était compliqué pour une personne comme moi voulant découvrir le monde... J'en avais passé du temps à tenter de trouver un moyens de sortir de sous-terre. Mais rien à faire... Soit c'était nettement trop dangereux pour y aller seule, soit c'était signer mon arrêt de mort que de demander de l'aide puisque je risquerai gros à demander une telle chose. Et alors que la discussion suivait son court, Dummy fit mention du lien qui le liait au Roi il y a peu. J'étais déjà surprise que l'humaine en savait quelque chose à ce sujet. Je n'aurai pas parié là-dessus et je pense que, lui comme moi, on était prêt à leur faire un cours personnalisé et rapide sur les faits de cette cité. Mais bon... au moins c'était du temps gagné !

De plus, juste pour appuyer ce que mon Balrin venait d'annoncer, je ne pu m'empêcher de juste lever le pouce, sous mon menton avec un sourire discret en coin. Si j'avais pu, je lui aurai aussi fait un clin d’œil.

- Je ne peux que confirmer, Pheare... Il ne serait pas là dans le cas contraire. Il est effectivement... Oh...

La vampire venait littéralement de s'écrouler au sol, lourdement, me coupant dans ma phrase. Le sang coulant à flot, je savais les ravages que pouvait faire les munitions utilisées par Dummy sur un être comptant sur sa régénération pour survivre... Donc, il était tout à fait normal que j'ai tenté de l'approcher avant de m'arrêter net quand ce fut Ydris qui s'en chargea. Le « regard » rivé sur sa silhouette, je me retenais de la pousser pour me laisser faire vu que j'en avais l'habitude. Mais bon... je ne m'y osa pas et préféra m'approcher doucement, gardant une certaine distance avec Mina. M'agenouillant à ses côtés, face à la Drow qui faisait son office. Mes mains se crispant sur mes genoux, je me retenais fortement de les fourrer moi-même aussi dans la plaie béante afin de l'aider à aller plus vite. Me mordant l'intérieur des lèvres, impatiente, je parvenais ne rien faire mais c'était compliqué. Ma tête se tournant de temps à autre en direction de Pheare et Dummkhar. Le visage inquiet. Ce fut alors à une nouvelle fois de m'interpeller : Celle d'Ydris. Sursautant légèrement, je reportais toute mon attention sur elle tout en prenant quelques secondes pour choisir mes mots.

- La trame principale, c'est Dummy qui vous l'expliquera vu que c'est lui qui m'a indiqué où vous trouvez et que j'ai assisté à votre prestation dans l'arène. C'était pas mal du tout... Marquant une petite pause, je repris aussitôt, comme si mon esprit s'était évadé un très court instant du moment présent. Enfin... c'était très bien même ! Je ne m'y attendais pas que vous y alliez aussi fort cela dit. J'ai manqué de me faire assommer par ce glaçon que vous aviez dévié. Heureusement que y avait cette barrière magique. Ahahah... Me mis-je à rire légèrement, me grattant l'arrière du crâne, mais me rendant rapidement compte que c'était pas trop le moment pour ça. Mais en vérité... mon intention première c'est de rejoindre la surface. Pour une raison qui m'est propre, à lui et à moi, je dois retrouver notre fils. Déclarai-je alors à Ydris tout en observant Dummy pendant ces mots. Ce dernier avait appris la nouvelle de la survie de l'enfant, peu de temps après l'accouchement, dans une lettre que j'avais réussi à lui remettre en main propre en usant de subterfuge : Un message caché et enregistré par ma magie dans une pierre qu'il était le seul à pouvoir écouter, une seule fois, avant qu'elle ne s'éteigne définitivement.Je souhaite vous aider à vous en sortir et, en échange, à nous laisser vous accompagner. Vous êtes les seules, avec mon Dummy, à pouvoir accéder à cette requête qui me tiens à coeur.

Ma seule demande était de sortir de là. Non pas que je n'aimais pas cet endroit, mais j'avais fais des chois qui me forçaient à prendre la sortie. Retrouver mon fils... retrouver les miens à Lalwendë. Ça allait être rude, très rude. Mais il fallait que je le fasse, c'était impératif même. Il en allait de ma santé mental. Si les lois n'avaient pas été aussi dures, j'aurai pu me consoler à vivre ma vie avec Dummy mais même ça, je ne pouvais pas l'avoir. La Reine Aërlina et le Roi Sildar avaient créée une vraie prison pour nos autres Oubliés. Même si pour la première, c'était pour nous protéger de l'extermination par les Balrins.

- Je... Commençais à dire avant de subitement changer de sujet, inquiète pour la vampire. Euh... vous faites ça bien hein ? Je veux qu'elle guérisse Mina. Faut vraiment tout retirer, la moindre miette peut gêner. Je connais ce type de munition... c'est relativement pénible. Faut pas faire ça à la hâte... enfin. Je vois bien que vous vous débrouillez bien et... enfin. Pardon. M'arretais-je, gênée, détournant la tête sur le côté. J'étais réellement inquiète pour la vampire même si elle avait attenté à ma vie. Pour en revenir à ma demande... Me tenant droite, à genoux, je m'inclinais. Je ne vous gênerai pas, je ferai tout mon possible pour vous aider toutes les trois. Faites confiance à Dummy. Faites-moi confiance.

Mon attitude était très changeante et pouvait passer d'un sujet à l'autre tout comme les humeurs. Cela étant un effet secondaire de la magie des rêves, passant trop de temps à dormir, cela déréglait pas mal de chose sur la longueur.

Faire de l'humour après avoir fricoté avec la mort, il n'y avait que Shaileen pour s'y oser. Elle n'était pas Naine, mais avait du savoir vivre. S'épanouir dans l'adversité n'était pas donné à tous, moins encore aux Oubliés qui se devaient de faire profil bas. Au lieu d'être la victime de sa Constellation, Shaileen s'en amusait, voir même, la provoquait. En faire un défi personnel n'était pas une si mauvaise idée selon Duumkhar, encore fallait en modérer les excès. S'il le lui demandait, le Façonneur était certain qu'elle irait jusqu'à lui décrocher la Lune, alors évidemment elle n'avait pas les pieds sur terre. Shaileen était une rêveuse, au sens propre comme au figuré, aussi la ramener à la réalité devenait parfois un véritable chemin de croix. Ces absences oniriques étaient également à l'origine de son caractère frivole et séditieux, tellement qu'il n'était plus guère possible de distinguer la mère endeuillée qui voguait en elle. A la perte de leur enfant, Shaileen quitta ce monde funeste pour celui des songes, elle y demeura des semaines, peut-être plus encore. Et bien que le Balrin comprenait la souffrance qui la tenaillait, il ne put rien faire pour lui venir en aide. Telle une chenille repue, l'Oubliée s'enferma dans sa chrysalide. Au terme de quoi, un nouveau chapitre commença pour elle. Itou, plutôt que de l'accabler de ses turpitudes, le Nain ravala son chagrin, car nul autre qu'elle ne pouvait éponger ses larmes.

Actuellement, face aux étrangères, une nouvelle page était en train de se tourner. Car depuis son retour, Shaileen ne vivait plus que pour la surface, aussi, plutôt que de lutter contre le courant d'une mélancolie refoulée, Duumkhar s'arrangea pour que l'escapade des surfaciennes la prenne à son bord. Le Balrin n'avait cependant guère anticipé la venue d'une tierce personne, ce qui compliqua légèrement les choses. En assistant à l'accueil que lui réserva cette Mina, le double sanguinaire de Pheare, contre lequel il s'était au préalablement armé, devint le cadet de ses soucis. Aussi puissante que dangereuse, Mina mit en péril la vie de l'Oubliée, forçant ainsi le Nain à intervenir. Il ne l'affichait point, mais en son sein, il accusait une terrible frustration. Amorcer le dialogue par un tir de semonce, Duumkhar s'en serait bien passé. Le regretter ouvertement serait néanmoins un aveu de faiblesse, or, s'il voulait convaincre les étrangères concernant le fait qu'il était indispensable pour elles espérer échapper aux griffes de Rozmiar, le Nain devait se montrer intraitable ! Shaileen était bien mignonne, mais reformuler sa requête comme elle venait de le faire, était tout sauf convainquant. Les filles n'aspiraient qu'à retourner dans leur foyer, non à se préoccuper des états d'âme d'une pauvrette en mal d'aventure qui aurait paumé son mioche. Sur ce point, Duumkhar serait presque tenté de plaider la cause de Mina. A une époque, il l'aurait même encouragé à séparer ses bras du reste de son corps.

En proie à une soudaine léthargie qu'elle devait à son hémorragie, Mina plia, profitant alors que celle-ci se raffermissait le séant contre les dalles qui recouvraient le sol du corridor enténébré, le Balrin imposa son imposante paluche sur le dos de Shaileen. Par ce geste, il lui fit comprendre qu'il prenait le relai. Comme à son arrivée, Duumkhar allait devoir corriger les bourdes de la demoiselle, et si elle escomptait sincèrement respirer l'air qui circulait à l'étage, elle ferait bien d'en tirer un enseignement. Car à supposer qu'ils finissent par arpenter la surface, il ne pourra plus la protéger comme il avait pu le faire jusqu'alors. Et plus tôt l'Oubliée se le gravera dans la caboche, mieux cela sera.

- Permettez-moi avant tout de me présenter. S'annonça le Nain en lui passant au devant. Shaileen a quelquefois tendance a être un peu trop enthousiaste, à partir de là elle devient encline à une certaine familiarité. Je me prénomme Duumkhar Ragdogrov, de la caste des Façonneurs. L'arme ayant fait feu sur Mina gisait à quelques pas derrière lui, et malgré le danger qu'il encourait à s'exposer ainsi désarmé, pas une fois il ne chercha à s'en saisir de nouveau. Je vais commencer par vous répondre Ydris. Reprit-il en fixant les mains de la Drow. Il se trouve qu'en vous aidant, nous nous aiderions également. Comme l'a si bien expliqué la Dame, nous poursuivons un but commun, atteindre la surface. Nous avons besoin de vous pour nous guider jusqu'à sa lumière, tout comme vous avez besoin de nous pour vous extraire de la géode. Le discours de Duumkhar fut ponctué par des sifflements. Le genre de soupire qu'une personne peut émettre lorsqu'elle s'évertue à réprimer une sensation de douleur qui l'assaille. Et pour en revenir à ce que je vous disais, Pheare. Enchaîna t-il par le biais d'un regard en demi-teinte qui se calait entre l'insolence et la détermination. Je suis sevré depuis près de trois ans, deux semaines, quatre jours et neuf heures. En finalité, je suis libre d'agir selon mes propres critères.


N'accordant aucune attention à Mina qui récoltait le fruit de sa folie, Pheare, toujours drapée de la cape du Vampire, s'avança vers le petit groupe. Elle était perplexe... Shaileen sautait comme une puce à l'idée de quitter sa grotte, tandis que Duumkhar faisait preuve d'un calme apaisant doublé d'une surprenante sagesse. En se fiant au physique de ces personnages, ainsi qu'à l'aura qu'ils dégageaient, la jeune femme savait qu'elle aurait misé sur le mauvais cheval si aucun d'eux n'avait encore ouvert la bouche. Le Nain parlait très bien, il inspirait la confiance. L'Oubliée en revanche, beaucoup moins. Et pour cause ; commencer par vanter leur mérite en tant que sujets de distraction dans la Lice, n'était peut-être pas la meilleure idée qui soit. Avec Mina, elles n'avaient nul besoin de fan hystérique pour pimenter leur fuite. Puis son histoire vint à faire écho avec celle d'Anezka. Shaileen et Duumkhar auraient eu un fils, et par le même procédé que pour les jumelles royales, ce dernier évoluerait en surface. C'était louable de sa part, mais Pheare ne discernait point la mère qu'elle prétextait être. Cette fille avait tout d'une adolescente en quête d'identité et de sensation forte. Navrée pour elle, mais cela n'était pas le sujet de l'excursion. Quant à Duumkhar, le chevalier d'Enkidiev peinait à comprendre comment celui-ci aurait pu réussir là où tous les autres avaient échoué. Non pas qu'elle ne souhaitait point le croire, mais elle nourrissait le besoin d'être pleinement convaincue.

- J'aurais préféré faire votre rencontre en de meilleures circonstances, Duumkhar. Je m'excuse donc de ne pouvoir manifester une joie pareille à celle de votre amie. Seulement je m'interroge... Un silence gêné s'installa, bercé par les grondements de Mina. Comment...

- Je me suis débrouillé pour recouvrer mon libre arbitre ? C'est bien là votre question ? Interrompit l'homme presque désolée de lui avoir coupé la parole. Pheare ne s'en offusqua point, par ailleurs, soucieuse de préserver son élan, elle se contenta d'hocher positivement la tête en guise de réponse. En préambule, un seul mot me vient à l'esprit : volonté. Après Shaileen, c'est à elle que je dois ma situation présente. J'avais conscience de ce qu'était ma vie, et je ne voulais plus de ça, alors j'ai cherché et cherché encore ! Et à force de remuer la boue, de gratter chaque fond de tiroir, j'ai fini par trouver la clef de ma délivrance. Au coeur de la Seldarine, la solution m'est venue. A mon échelle, qu'est-ce qui pouvait être plus fort que ce lien qui nous cheville à notre monarque ? Réponse : Les Dieux !

Dès qu'il en eut fini, Duumkhar plongea sa main dans une bourse faite de peau à l'assise pansue. Il en ressortit une sphère décorée de plusieurs inscriptions sur sa surface. Et tandis qu'il la présentait à Pheare comme s'il s'agissait d'un trophée, il expliqua dans les grandes lignes la raison de son existence.

- Chaque cryptogramme représente une face ouverte ou bien cachée qui forge la personnalité de chacun. Ces quatorze là indiquent : Précisa le Façonneur en faisant glisser son index sur les différents symboles à mesure qu'il en livrait les secrets. L'avarice, le désintéressement, l'orgueil, l'humilité, la luxure, la pureté, la gourmandise, la tempérance, la colère, la patience, la paresse et la diligence. Quant aux deux pôles, ils gouvernent l'ensemble à la fois par le "Bien" et par le "Mal".

- Serait-ce un totem religieux mettant à l'honneur une Divinité en lien avec l'équilibre entre les forces ? S'interrogea Pheare manifestement passionnée.

- Je crains hélas que ce ne soit pas aussi glorieux. Je l'ai baptisé : la pelote anarchique. D'aucuns affirmeraient que j'ai troqué une tyrannie pour une autre, cela est sans doute vrai. Mais comme j'y gagne au change, en tout cas pour le moment, je saurais m'en satisfaire. Voyant alors qu'il avait momentanément perdu son auditoire, Duumkhar abrégea. J'ai pactisé avec la Divinité du Chaos, Vi. Elle était ma seule porte de sortie, et désormais, elle est également la vôtre.

- Que doit-on en déduire ? Réagit le chevalier. Vous comptez monter une secte ?

- Pardon ?! D'abord contenu, son rire maquillé en gloussement finit par éclater aux oreilles de toutes. Vous n'y êtes point Pheare, je veux simplement dire que c'est grâce à Vi que je dois ma libération, et que c'est grâce à cette libération que je pourrai vous conduire hors de cet enfer. Pardonnez-moi, je fais de bien mauvaises métaphores. Finit-il par s'excuser avant de replacer la sphère dans son contenant.


Décidément, aucun d'eux ne comprenait l'urgence de la situation ! Ils se permirent même de jaspiner comme si l'avenir leur était acquis. Malheureusement, ainsi affaiblie, Mina ne pouvait plus rien. Les intrus purent donc s'attabler, déballer leur vie, allant même jusqu'à oublier le temps qui allait en s'amenuisant. Plus grave encore, cette Shaileen l'horripilait au plus haut point. La prédatrice aurait beau faire l'effort de tolérer le son de sa voix, son caractère, ses mimiques, ainsi que sa stupidité ; se chargeraient de la faire sortir de ses gonds. Il était hors de question qu'elle aille où que ce soit avec cette aberration sur les talons. Hélas, Mina allait devoir prendre son mal en patience jusqu'à ce que la prêtresse en ait terminé avec son opération. Les doigts d'Ydris s'insinuaient en elle, tricotant ses chairs en vue de les débarrasser de ses échardes. La douleur patente qui en résultait lui arracha de nombreuses grimaces, mais en dehors de quelques onomatopées entre autres ronflements, le Vampire sut se tenir tranquille. La Drow savait ce qu'elle faisait, cela ne laissait poindre aucun doute, mais qu'est-ce qu'elle était lente !

- Tu ne peux pas accélérer la cadence ?! Ronchonna t-elle alors que le bruit visqueux dut aux incessantes manipulations se poursuivait.

Son sang nappait désormais toute la largeur du couloir. Un humanoïde normalement constitué contenait approximativement cinq litres et demi de ce précieux liquide, mais concernant Mina, si l'on se fiait à la flaque qui s'étalait depuis son dessous, on pouvait aisément estimer que le double de ce volume avait déserté son corps. Allait-elle devoir se nourrir pour pallier à ce manque ? si oui, fallait-il craindre la perte de contrôle qu'elle avait déjà pu manifester avant qu'elle ne les abandonne à Gulio ? Pheare crut entrevoir le monstre luire dans les yeux du Vampire au moment où ceux-ci se posèrent sur Ydris. Mina allait se faire dangereuse, et même si elle tentait à se retenir pour ne point attenter à la vie de la prêtresse, elle n'aurait en revanche, aucun scrupule à lâcher la bête sur Shaileen et Duumkhar. Mais avant qu'elle ne puisse ergoter sur ce propos, la voix de l'Oubliée retentit derechef, coupant ainsi Pheare dans sa tentative de conciliation.

- Il ne lui arrive jamais de fermer sa gueule à celle-là ?! Tonna Mina, et au moment où Ydris lui retirait le dernier éclat, d'un bond elle fut debout. Je peux effectivement t'assurer que tu ne nous gêneras pas ! Sentant la menace ressurgir, Duumkhar se jeta aussitôt sur son arme, sans toutefois parvenir à s'en saisir. Tiens toi tranquille le poilu ! Gronda le Vampire tout en maintenant son joujou hors de sa portée. Puis en lorgnant Pheare, elle ajouta d'un ton moins tranchant. Contrôle ton palpitant ma grande, je ne vais rien leur faire, j'ai bien compris vos attentes à toutes les deux ! Elle luttait contre sa nature, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Laissez-moi quelques instants. Conclut-elle en disparaissant derrière ses paupières.

Surprise, Pheare ne sut quoi ajouter. L'instant d'avant, l'Humaine était prête à parcourir le dédale afin d'y dénicher une proie potentielle en la personne de ces gardiens sourds et muets qui déambulaient ça et là. Mais maintenant, plus rien ne l'y poussait... Et sans trop savoir ce à quoi elle assistait, le chevalier vit Mina léviter à près d'un mètre du sol écarlate. Sa blessure ne se résorbait guère, mais avait toutefois cessé de s'écouler en d'innombrables larmes sanguinolentes. Le Balrin était au moins aussi hébété que Pheare, il n'avait d'yeux que pour le Vampire qui semblait entrer dans une sorte de transe. Lui qui était pourtant féru de la magie de ses voisins Elfiques, n'avait encore jamais assisté à ce genre de manifestation. Car en dehors du fait qu'elle flottait sans trahir le moindre effort de concentration, des gouttes de sang se mirent à défier la gravité. D'abord une, puis cinq, puis vingt... il devint rapidement impossible de les dénombrer tant elles saturaient l'atmosphère. Ces dernières finirent cependant par se rejoindre en même point jusqu'à former une sphère luisante et bouillonnante. Mina rouvrit les yeux peu après, silencieuse et apaisée, elle entreprit d'engloutir le globe vermeil par la bouche que lui avait façonné le Nain.

En sondant le sol, Duumkhar constata avec effarement que celui-ci avait été lavé de toute hémoglobine. C'était pour le moins impressionnant ! macabre, mais grandiose ! L'alchimie du sang n'avait indiscutablement plus aucun secret pour elle. A la suite de quoi, elle plaça l'orbe contre sa plaie. Il ne fallut qu'une poignée de secondes pour que celui-ci soit intégralement absorbé. A son retour sur la terre ferme, Mina était refaite. En dehors du trou dans son vêtement et du sang séché qui tâchait sa peau livide, le Vampire était au mieux de sa forme. Pour le meilleur, et surtout pour le pire...

- On se casse ! Avait-elle intimé à l'attention de Pheare et Ydris. Quant aux deux autres, ce fut par chuchotements qu'elle les mit en garde : Essayez de nous suivre, et...


- MINA !!! S'écria une voix depuis les ténèbres.

- Viky ! Répondit nerveusement le Vampire. Accourant jusqu'à elle à la vitesse de la foudre, l'émoi enserra aussitôt ses tripes à l'instant où son regard se posa sur elle. Bon sang Viky, je t'ai expressément ordonné de ne pas t'impliquer ! Que s'est-il passé ?!!

- Je ne vous ai point désobéi Maîtresse Mina... Souffla t-elle. Je me faufilai, afin de venir vous prévenir que votre plan d'origine était devenu obsolète par les forces en présence. Je me suis faite cueillir dans les sous-sols par une sorte d'armure animée. J'entends un bruit assourdissant, je ressens la douleur, mais je cours, je fuis... Je repère alors l'écho de vos injures, et me débrouille pour vous retrouver.

Deux petits orifices creusaient son visage, l'un se situait juste sous l'oeil gauche, quant à l'autre, à la commissure droite de ses lèvres. Concernant le reste de son corps, ce n'était même pas la peine de l'évoquer tellement il était transpercé. Rationnelle, Mina savait que Viky ne retrouverait jamais la surface. Mais actuellement, la prédatrice était incapable d'intégrer cette vérité. Trois siècles de collaboration faisait d'elle bien plus qu'une amie. Alors Mina demeura auprès d'elle, les poings serrés et le regard plaintif. Plus rien ne pouvait la sauver, aussi attendra t-elle jusqu'à ce que Viky se change en cendres... Pheare finit par la rejoindre, et voyant Mina à genoux, presque couchée sur une fille couverte de sang, cessa toute approche. Non pas qu'elle ne craignait d'être châtiée, mais si une femme aussi dure que l'était ce Vampire manifestait ce genre d'émotion, la déranger serait synonyme de désastre ! Une déduction qu'elle s'empressera de faire comprendre aux éventuels curieux qui l'auraient rejoint.

- Viky... Bredouilla Mina tout en lui caressant le front.

La gamine aimait discuter. Ou plutôt se perdre dans de vaines fatrouilles. L'entendre nous "féliciter" pour notre performance dans la lice m'arracha une grimace et un mouvement plus brusque que d'ordinaire dans les entrailles ensanglantée de Mina. Je me résolus à éviter de l'écouter trop attentivement, sentant venir l'agacement monter en mon sein à chacune de ses phrases. Je ne pus m'empêcher de rouler des yeux en songeant qu'il serait presque irresponsable de lui confier un enfant, quand bien même était ce le sien. Un couple pour le moins étrange. Un nom tout à fait audible s'échappa pourtant de mes lèvres alors qu'un souvenir remontait en moi.

- Anezka

L'évocation de l'union et surtout de l'enfant avait fait ressurgir les paroles de l'ex reine au devant de mon esprit. Il me semblait que leur situation n'était pas sans rappeler la sienne. Mina, de son coté, râlait  à propos de ma lenteur professionnelle ce qui ne m'étonna guère puisque la patience n'était pas sa vertue première. Malheureusement pour elle, la minutie de l'opération nécessitait quelques efforts de sa part. Laissant la conversation à Pheare je me concentrait sur ma tâche. Le  couple étrangement assorti aurait difficilement pu tomber sur pires guides que nous autres en direction de la surface. Cela dit l'explication qui m'intéressait davantage concernait sa libération du joug de leur monarque.

* S'amuse t'il en palabrant tel un oracle avec ses images et ses énigmes ? Par Azura je manque cruellement de patience ce jour. * soupirais je de frustration du terme de son discours. J'en retins qu'une divinité du nom de Vi l'avait libéré, sans avoir saisi comment ou pourquoi.

Aussitôt le dernier éclat retiré, Mina sauta sur ses pieds clamant haut et fort, bien qu'un peu violemment, ce que je pensais tout bas concernant notre invitée. Ce qui s'en suivit m'étonna  en ce sens où je ne songeais pas que la vampire prendrait si facilement en considération nos attentes avant d'agir. J'en fus intérieurement touchée. Tout comme Pheare, j'étais résolue à traverser quelques couloirs afin de sustenter notre compagne aux dents longues lorsque celle ci nous demanda simplement quelques instants. Fronçant les sourcils, je laissais ma main sur la garde de Fënaro et prêtait une oreille attentive aux alentours tout en observant l'étrange scène qui se déroulait sous nos yeux. Encore une fois, les capacités de Mina défiaient toutes mes connaissances. Alors qu'elle lévitait sans gêne aucune, son sang inondant le sol défia à son tour la gravité, goutte par goutte, avant de se rassembler et de... réintégrer sa propriétaire. Nettoyage rapide, efficace avec en bonus un recyclage complet de la matière précédemment perdue, et un splendide spectacle pour les yeux. Dire que j'étais abasourdie était un euphémisme.

De son coté, Mina semblait totalement refaite, si l'on exceptait le trou dans son vêtement et le sang sêché. La chirurgie vampire serait bien utile aux autres races à n'en point douter ! Tant de vies pourraient être sauvées si nous possédions tous de pareilles capacités. Le procédé me laissait avide de découverte, de questionnement en tout genre. J'en pris note pour plus tard, il était temps de filer d'ici. Un cri stoppa net le discours entamé par la vampire, laquelle disparut en direction de la voix qui venait de hurler son nom. Pheare se précipita à sa suite et je fis de même, freinant brusquement lorsque je vis l'humaine s'arrêter. Devant nous Mina était agenouillée, presque couchée même sur le corps d'une femme à laquelle manifestement elle tenait beaucoup. Le regard que lança la femme chevalier était équivoque et j'y répondis d'un simple hochement de tête silencieux. Le simple nom qui s'échappa trop doucement des lèvres de Mina marquait toute la douleur qu'elle pouvait ressentir en ce moment. Il n'était pas question de la déranger en pareil moment.

Néanmoins, je ne pouvais me résoudre à ne point bouger. A savoir que si Viky avait pu nous rejoindre, d'autres ne tarderaient guère à venir. Et je craignais la réaction de la femme vampire si d'aventure, des gardes apparaissaient. Entre rage folle et apathie, tout était possible. Or il était improbable à mes yeux de la laisser sans protection aucune, en première ligne face à des nains qui n'auraient que faire de ce que cette femme constituait pour elle. Raison pour laquelle je me permis de contourner Mina ainsi que la jeune femme sans toutefois les regarder, avant de ma placer  au devant d'elles à une distance respectable, permettant une sorte d'intimité. Oh j'avais bien conscience de mes pauvres compétences martiales en comparaison de Pheare et Duumkhar ! Néanmoins j'étais sur le qui vive et comptais sur les pouvoirs conférés par ma chère déesse si le besoin s'en faisait sentir.

À peine arrivée que j’assommais déjà mes interlocutrices à parler en vrac et mélangeant absolument tout sans donner aucuns sens à tout ce fouillis pour qu'elles y comprennent quelque chose ou qu'elles puissent, ne serait-ce qu'un peu, me faire un minimum confiance. Du coup, d'un point de vue extérieure, on pourrait se demander si j'avais reçu la moindre éducation sociale. Sauf que, oui. J'en avais eue une que j'avais tout aussi vite oubliée dès lors que j'avais découverts mes véritables capacités oniriques. Non pas par arrogance ou que sais-je encore, mais juste par le simple fait que mon monde rêvé ne s’embarrassait pas de ces règles qui compliquaient plus les choses qu'elles semblaient le vouloir. À vrai dire, c'était à peine si je me posais la question de ce que je faisais ou racontais. J'y allais franco et sans détours. Il n'y avait alors pas de filtre dans mes propos. Surtout que, en parlant de mon monde des rêves, cela faisait à peine quelques mois que j'en étais revenue afin de faire face à ce que l'on appelait « la réalité » après mon sommeil interminable. Mais même là, c'était embrouillé pour moi parce qu'à force d'y passer tant de temps, ma conception des choses était littéralement farfelue. Je décrochais énormément, mon esprit voguant rapidement ailleurs, emmêlant mes pensées dans une confusion totale. Finissant toujours, de manière inéluctable, à agacer mon entourage qui n'avait pas pour habitude de fréquenter des personnes aussi lunaire que moi.

Alors quand je sentis que j'étais à la limite de faire exploser de colère mon auditoire, que la vampire semblait émettre des grognements d'agacacement, avec un ton ne masquant pas son envie de m'étriper, je me tut immédiatement. Sous mon masque, mes yeux dévièrent sur ma droite, mes lèvres marquant ma contrariété d'avoir été si sauvagement reprouvée. Juste de la frustration, sans rien de plus, même si sur ce coup-là, je compris sans difficulté que j'étais un peu dans l'abus. Bien que je faisais volontairement un peu plus de travail sur moi-même vu que j'escomptais bien qu'elles acceptent notre présence à leurs côtés pour sortir de Rozmiar et atteindre la surface. Saut que, une fois la tête dehors, j'aurai probablement aucunes gênes à les quitter sans crier gare et filer droit devant moi jusqu'à retrouver mon fils et Lalwende. J'avais beau être attentionnée et généreuse, j'étais pas moins un peu égoïste et neutre vis-à-vis des gens qui m'entouraient, ciblant très clairement mes propres objectifs au détriment des autres. Et ça, Dummkhar l'avait clairement compris. Sur ce coup-là, c'était bien le seul à avoir sa place privée dans mon cœur et mon jardin secret. Même si j'avais été un modèle d'égoïsme en m’enfermant, des semaines durant dans mes rêves, afin de fuir la douleur qui m’assiégeait de toutes parts. Le laissant seul face à la réalité, impuissant envers moi-même et dans l'impossibilité de le faire savoir. Bien qu'il était le seul à pouvoir m'approcher pendant mon sommeil, sans se faire arracher la moitiés de la figure par mon système de défense, c'était tout de même peine perdue pour essayer de me faire savoir quoi que ce soit. Jamais je m'étais endormie aussi profondément et autant de temps. Mon corps en avait sévèrement pâtit. J'avais perdu des kilos par paquet. J'avais dû réapprendre à vivre quand j'étais revenue à moi, une fois prête à faire face à ma constellation que je ne savais pas si je devais haïr ou adorer. J'étais partagée à son sujet. En tout cas, elle me fascinait plus qu'autre chose.

Et tout cela m'avait finalement menée à ici, face à ces inconnues, accompagnée de mon cher et tendre. Sa main venant de se poser sur mon épaule, avec douceur et délicatesse malgré leur allure imposantes et grossières. Me faisant ainsi comprendre qu'il prenait le relais de la situation et que je devais écouter, moi aussi, afin de réapprendre certaines subtilités sociales pour être prise au sérieux un tant soit peu. C'est alors que je me redressais, restant agenouillée, aux côtés du Balrin. L'écoutant alors parler et surveillant les bruits alentours. Des échos extérieurs me faisait comprendre que ça n'allait pas en se calmant. Percevant aussi de temps à autre des vibrations parcourir les veines rocheuse, de la poussière tombant des diverses fêlures au plafond. Même si je me concentrais pour ne pas déraper à nouveau, j’eus même du mal à m'empêcher d'esquisser une moue boudeuse lorsqu'il énonçait une phrase à mon attention. Dummkhar savait comment me parler, que ce soit de manière franche ou détournée, il avait les mots justes qui me ramenaient souvent sur place quand je m'envolais trop loin dans mes délires.

Le regard détourné, je compris là où j'avais pêché et je ne savais du coup plus où me mettre. J'avais foncé tête baissée, provoquant limite ma mort et forçant Dummy à intervenir de façon peu délicate. Ce n'était pas forcément l'idéal pour un premier contact... Si j'avais été un peu plus méthodique et précautionneuse, j'aurai pas fait les multiples bourdes de langage, déjà en les ayant félicitée de faire des choses contre leurs grès, ce n'était pas très malin de ma part. Mais qu'y pouvais-je réellement au fond ? C'était la première fois que je voyais des surfaciennes... j'avais réellement peu de chance de tomber pile poil comme il faut, au vu de la méfiance avec laquelle elles étaient toute les trois investies après ce qu'elles avaient vécus ici.

Néanmoins, je n'en disais pas plus. Je laissais Dummkhar continuer à fournir les informations que j'avais si mal énoncées afin de leur venir en aide et inversement. Évidemment, je connaissais toute l'histoire puisque, lorsque je m'étais enfin éveillée, il était la première personne que j'avais prévenue et mis dans la confidence quant à l’existence de notre fils. Certes, en soit, je n'avais probablement aucunes autorisations pour donner une telle information mais les choses avaient été faites en conséquences pour qu'une telle information ne détruise pas tout entre nous. Déjà, il était avide de connaissance afin de trouver une solution de se soustraire à la soumission de son Roi. À cela, je pu lui venir en aide en lui notifiant la présence des divers Dieux peuplant notre monde et en racontant quelques détails sur chacun d'eux. Après, quant à celui choisir, j'avais longuement hésité... On avait passé pas mal de temps à fouiller et se renseigner discrètement, surtout de mon côté, jusqu'à trouver la bonne piste à prendre. Car, de mon propre avis, il me semblait logique d'avoir lien avec une divinité « neutre » vis-à-vis des ethnies en présences. Qui n'avait aucuns liens ni avec les Balrins ni avec les Oubliés. C'était du coup tout naturel de me diriger vers les Dieux Abyssaux, en particulier une ; Vi. Alors certes, ce n'était pas non plus la meilleure de toutes. Il fallait se méfier d'elle dans la mesure qu'elle nous la mettrait forcément à l'envers le moment venu mais, dans les temps présent, elle ne pourrait qu'être avantageuse à notre cause. J'avais aussi longuement hésité avec le Dieu du Temps mais il n'était pas assez neutre à mon goût. Du moins, il me semblait plus difficile d'accès que la chaotique vu que, avec ce que l'on désirait, c'était clairement causer une onde de chaos dans un ordre établi. La Déesse était donc toute trouvée. Mais le choix n'en revenait pas à moi mais à Dummkhar.

Toujours attentive à mon environnement, mes « yeux » fixant la silhouette de la vampire, je n'émettais plus un seul bruit et respirait lentement. Attendant le moment où la Drow annoncerait qu'elle avait terminé et sortit la prédatrice de son mal. Espérant au fond de moi qu'elle y parviendrait mais elle prenait son temps. Après tout, normal, première fois qu'elle était confrontée, peut être, à des éclats d'armes pareils. Je l'aurai volontiers aidée mais bon... dans le noir, c'est compliqué en plus d'une vampire prête à m'arracher la tête si je venais à l'effleurer à peine. Du coup, je rongeais mon impatience et ma frustration d'être impuissante. Attendant simplement la suite des événements. Chose qui ne tarda pas à venir. La buveuse de sang râlait à nouveau, demandant à son amie d'accélérer le rythme, semblant montrer un certains niveau d'irritation du temps perdu. De mon côté, je sentais la tension remonter d'un cran et je ne trouvais alors pas mieux à faire que de reprendre la parole, à la suite de Dummkhar.

- Je... je voulais m'excuser de... À peine eu-je le temps de conclure que je me fis coupée dans ma lancée par Mina, m'intimant durement de fermer ma gueule, texto. Soupirant légèrement, serrant les dents, m'en voulant d'avoir rajouté une couche. Je voulais juste m'excuser de mon approche... Finirai-je par murmurer doucement afin d'avoir la possibilité de terminer ma phrase correctement et ne pas rester sur un malentendu.

Baissant la tête, je ne pouvais pas exprimer mes émotions ou intentions autrement que par la voix et des mouvements de par le masque qui me masquait la moitié du visage. Sur le coup, je ne me sentais pas particulièrement coupable vu que mes intentions étaient de m'excuser en premier lieu. Mais même à cela, j'appris que le silence était toujours préférable encore, mon arrivée étant toujours source d'agacement pour elles. La prédatrice semblait déjà aller un peu mieux au-delà du fait qu'elle demandait à avoir un instant pour elle. C'est à ce moment là que je me remis debout, doucement, sans faire de geste brusque, et me recula de deux pas pour lui laisser un peu d'espace. Je sentis alors que j'avais les genoux trempés. Frottant de ma main, pensant qu'il s'agissait de l'eau, je compris par la texture et l'odeur de fer qui en émanait que c'était le sang de la prédatrice qui s'était faufilé jusqu'à là où j'étais assisse sans que je le sente. Tellement absorbée par mes pensées et ce qui se disait autour de moi que la surprise me rendit muette quand une drôle de sensation m'envahit soudainement. Évidemment, je ne pouvais pas voir ce qu'il se passait, mais je pouvais nettement le ressentir. L'air ambiant semblait légèrement électrique. Ne sachant pas où je devais diriger mon « regard », j'observais autour de moi. Dummkhar était immobile. Pheare et son aura distordue aussi, idem pour Ydris. Difficile pour moi de saisir ce qu'il se passait, ne pouvant pas partager leurs émotions. Mais lorsqu'une goutte de sang, semblant léviter, s'écrasa sur ma main droite lorsque je m'étais retournée, je compris en partie. L'hémoglobine était en suspension dans l'air, quelques gouttes avaient heurtés ma mains ans pour autant s'y étaler, au contraire. Elles roulèrent sur ma peau et restaient solides. Je déduisis alors simplement que la vampire, par les pouvoirs étranges dont elle était investies, était en train de rassembler tout le sang perdu pour le récupérer. Comment, je ne sais pas mais dans tous les cas, ça avait marché. Parce que à peine j'eu le temps de saisir quelques bribes de la situation, elle déclara « On se casse ! ». Prise de court, je ne pu que balbutier que quelques mots  totalement confus.

- Je... euh... Oui d'accord mais... Euh... Soudains, ma tension accéléra, mes oreilles perçurent un son au loin. Il était arrivé si soudainement. Accompagné d'une forte odeur de sang dans le sillage d'un courant d'air.

Inutile de dire que je compris immédiatement qu'il s'agissait d'une autre vampire vu que, elle aussi, à l'instar de Mina, je ne la percevais pas. Faudrait qu'à l'avenir je décide vraiment de faire un meilleur masque pour la vue. À défaut de vouloir soigner mes yeux, j'avais décidé de recouvrer la vue uniquement quand je serai enfin face à mon fils. C'était ma promesse de cœur que je m'étais faite. Cependant, au vu de ce que j'entendais, tout cela n'augurait rien de bon. Elle devait pas être ici mais à l'entendre, ils étaient plusieurs à Rozmiar, comprenant alors la raison de tout ce foutoir au-dessus. Mais ce qui retint mon attention, sans surprise, c'était la mention de l'armure animée.

**Fidia...*

Évidemment que je la connaissais et évidemment que je savais à quel point elle était redoutable et, triplement évidemment que je n'étais même pas étonnée qu'elle réduise tout en miette dès qu'elle pointait le bout de son nez. Jamais rien ni personne n'avait pu l'atteindre et c'était bien pour cette simple raison qu'elle était toujours auprès du Roi ou au front dès que Rozmiar était menacée. Néanmoins, j'étais toujours persuadée au fond que si elle venait à quitter son armure, elle serait une toute autre personne et que, même moi, je pourrai m'y frotter. Oui, je la voyais déjà comme un obstacle parce qu'elle allait, à coup sûr, me gêner sur le chemin de la sortie. Bien que j’eus souvent le loisirs de combattre en sa présence, contre les monstres du coin, j'avais pu l'observer attentivement... Elle faisait preuve d'une telle ferveur et férocité que cela en faisait froid au dos en m'imaginant à la place des créatures qu'elle transformait en passoire. Alors je pouvais aisément imaginer dans quel était la vampire qui venait de nous rejoindre et un courant d'air furtif, soulevant ma frange brusquement, m'indiquait que Mina avait rejoint sa position à une telle vitesse que je serai morte sans m'en rendre compte si elle m'avait attaquée.

La tension était tel dans l'air que, en temps normal, je l'aurai brisé en disant quelque chose mais là, au vu de ce que j'avais entendu ou autre, il ne valait mieux pas que je m'y tentes. C'était une trop grosse perche que me tendait ma constellation, là. Je ne me ferai pas avoir. Du coup, sur ce, de nouvelles secousses secouèrent le sol au-dessus de nous. Je levais la tête, non pas soucieuse de savoir si le plafond allait nous aplatir ou non mais tenter de déterminer la distance que ces détonations avaient avec nous. Au pif, comme ça, je me disais que c'était suffisamment loin pour que l'on puisse encore s'éclipser aux abords de la ville et tenter de trouver un passage nous donnant accès aux veinures qui parcouraient les sous-sols de la cité Balrin. Mais bon... je n'avais pas besoin de vous dire pourquoi que je serai pas la guide idéale en situation de fuite, hein. J'enverrai tout le monde droit au mur... malheureusement. Seul Dummy pouvait nous diriger convenablement là au milieu, moi je serai peut être plus efficace pour appâter l'attention ailleurs dans l'optique de faire diversion, sûrement. Mais que faire ? Sortir par là où j'étais arrivée ou y avait-il une autre issue ? Croisant les bras, me rongeant l'ongle de l'index de ma main droite, j'étais en pleine réflexion, tenant de repasser à vitesse grand V tout mes souvenirs que j'avais en tête des galeries que j'avais parcouru par le passé. Beaucoup d'entre elles avaient des embouchures et certaines communiquaient l'une vers l'autre, idéal pour fuir et semer les éventuels poursuivants. Bon, tant que cela était pas Fidia évidemment, on serait mort bien avant d'avoir bouger le petit doigt. Mais si on parvenait à y entrer, elle ne pourrait déjà pas nous suivre et, si elle venait à décider à le faire, elle se retrouverait rapidement coincée par l’étroitesse des couloirs.  

- Hmm... Soupirai-je doucement, me positionnant dans le dos de Dummy et me penchant en avant pour m'appuyer sur ses épaules, l'enlaçant par surprise. Te connaissant, je suis sûre que tu as déjà une solution pour nous sortir de là ? Dis-moi quoi faire et je fonce pour nous permettre d'y arriver, comme à la bonne époque. Lui murmurai-je tout bas, pour ne pas gêner qui que ce soit avec l'écho de ma voix. M'appuyant toujours contre lui, observant par intermittence l'aura magique d'Ydis au loin qui surveillait les couloirs.

Avec la présence de Pheare, Ydris et Dummkhar, je n'avais aucunes craintes quant aux situations qui pouvaient se présenter. Bien que j'imaginais Mina aussi redoutable qu'eux tous, j'étais probablement le poids mort du groupe. Néanmoins, si quelque chose était à retenir dans mes jérémiades de premier contact, c'était bien que je ferai tout pour ne point gêner la progression de tout ce beau monde et leur viendrait en aide de bien des manières. J'étais peut être une Oubliée mais je pense qu'à force de servir auprès des Balrins dans maintes batailles, j'avais un peu de « célébrité » si j'osais dire ce mot, dans une certaine mesure. Je ne voulais juste pas tomber sur les miens ni sur Fidia dans cette histoire.

- Viky... Avait-elle répété d'une voix silencieuse et chevrotante.

Alors que celle-ci déclinait doucement, une rage antique étreignit le coeur de Mina. Il suffirait d'une caresse, d'un souffle, n'importe quoi... pour que l'apocalypse se déchaîne ! Cette fièvre était si ancienne que la prédatrice en avait oublié la saveur... Viky était le poids qui équilibrait sa balance, la conscience qui murmurait à son oreille. Autrement dit, sans elle le Vampire retomberait dans ses instincts les plus noirs. Avant même que Syriona ne l'ajoute à ses rangs, Mina se savait différente. Et contrairement à tous ces abrutis qui prétendaient l'être afin de se donner de l'importance, la jeune femme d'autrefois aurait voulu faire partie de la normalité. Ses tendances macabres mêlées à ses incessants cauchemars lui rendaient la vie impossible. Mina a toujours eu un sens moral surdéveloppé, c'est pourquoi elle était capable d'avoir un certain recul sur ses actes, sans pour autant en avoir la maîtrise. Alors un jour, elle quitta son foyer avant de perdre définitivement pied. L'esseulée sillonna les terres désolées dans le but d'y trouver la mort, et bien que son souhait fut exaucé d'un point de vue biologique, sa métamorphose en être immortel la condamna à un combat sans fin. La rencontre de Viky changea complètement les données du problème. Sans le savoir, ni même comprendre comment cela se pouvait, Mina trouva en elle l'âme qui lui manquait.


L'instant ne permettait point le luxe du deuil, mais en dépit de cette vérité, Pheare continuait de faire barrage. Ydris l'avait fort bien compris, aussi alla t-elle se positionner plus en profondeur dans le sombre couloir afin de parer d'éventuelles intrusions. Au-delà du pragmatisme en lien avec la puissance de Mina qui favoriserait leur évasion, le chevalier d'Enkidiev lui devait sa libération. Car rien, si ce n'était une promesse formulée entre deux feux, l'obligeait à les rejoindre en enfer. Craignant alors que Shaileen ne replonge dans ses travers, Pheare creusa un fossé entre elle et le Vampire jusqu'à ce qu'elle eut rejoint le couple. L'Humaine s'imposa à eux pendant que l'Elfe étourdie soufflait dans le cou de son amant. Son regard inquisiteur laissait clairement entendre que ses mots n'étaient pas à prendre à la légère.

- Continuez à vous faire aussi discrets que possible, en contrepartie, je vous fais la promesse de faire mon possible pour que vous soyez du voyage. Chuchota Pheare d'abord avec dureté avant de s'adoucir progressivement.

Toujours penchée sur Viky, à l'écoute du moindre de ses soupirs, Mina fut prise de violents tremblements ! Cette scène était la preuve même qu'un mort pouvait encore mourir. Une situation qui faisait néanmoins passer son premier trépa pour un hoquet. La concentration de rage que ces trois cents ans de collaboration avaient contribué à contenir était sur le point d'être libéré. L'ébullition intérieure dont souffrait la prédatrice ne tenait pas du ; pourquoi l'a t-on tué ?, mais d'une nature qui luttait furieusement pour sa liberté ! Au-delà de cette perte affligeante, c'était ce qu'elle avait laissé à sa solitude qui la terrifiait. Une phase qui ne dura qu'une poignée de secondes, car au moment où les paupières de Viky s'abaissèrent pour faire disparaître l'innocence de ses prunelles, un grondement sourd remontant du tréfond de ses entrailles déforma ses traits. Indépendamment de sa volonté, les canines de Mina s'allongèrent jusqu'à atteindre la base de son menton. Ses pupilles s'illuminèrent d'une lueur sinistre, et alors que son attention se portait sur une silhouette perdue dans les ténèbres, les quelques chuchotis qui s'élevèrent depuis son dos suffirent à la déchainer !

- Mina finira par vous accept... Tirée d'un coup sec par les cheveux et fracassée contre le sol, Pheare se retrouva en fâcheuse posture lorsque la prédatrice se mit à califourchon sur son buste. Seule une onomatopée aigue fuita d'entre ses lèvre. Ses yeux chargés d'incompréhensions se ficha dans ceux de son assaillante, mais avant qu'elle n'ait pu piper mot, le Vampire s'exprima au son d'une voix caverneuse. Un ton si maléfique que l'échine de l'Humaine en frissonna.. - Tu es débile ! et après que je t'aurai massacré, tu laisseras un cadavre encore plus débile !

Instinctivement, Duumkhar voulut faire usage de son arme, mais le monstre poussa un rugissement si puissant que le Nain en fut propulsé sur plusieurs mètres. Ydris se précipita aussitôt, tandis que Viky, réquisitionnant les dernières forces qui lui restaient, tenta d'appeler sa maîtresse. Hélas, en dépit de tous ses efforts et d'une bouche frémissante, seul un râle ripa sur sa langue... Pheare se débattit, une lutte vaine au devant d'une force aussi colossale. Quant à Shaileen, elle qui aurait normalement dû se retrouver coincée entre le sol et Duumkhar, s'écarta de la zone de souffle avant même que celui-ci ne soit expulsé. La concentration d'énergie qu'elle vit s'accumuler sur le faciès de Mina lui permit d'anticiper cette libération entropique. Encore habituée à la solitude de ses rêves, Shaileen se comporta comme si elle était seule face à l'adversité, laissant ainsi le Belrin à la merci du danger. En temps normal la dormeuse se serait déjà hâtée jusqu'à son chevet pour s'assurer de sa bonne santé, mais l'aura du Vampire était si vive et bouillonnante que l'Oubliée en fut hypnotisée. Et alors que Mina plantait ses crocs dans la gorge de Pheare, une puissante explosion détonant à l'autre bout du corridor fit cesser toute action !

Une épaisse poussière privait quiconque de distinguer la cause de ce raffut, à l'exception de Shaileen qui reconnue dès les premiers reliefs l'aura si particulière de Fidia... Prendre la poudre d'escampette serait une bonne idée si la Machiniste n'en n'obstruait point l'unique sortie. Mais avant que son sphincter ne se dilate, l'Oubliée comprit à la seule forme de ses courbes que la redoutée guerrière ne siégeait pas au coeur de Volta, sa prodigieuse machine. Or, si celle-ci souhaitait les vaporiser, elle n'avait alors aucune raison d'en descendre, pas dans un endroit aussi large en tout cas. Puis une sphère translucide irradiant d'un vert émeraude aux limites de la saturation, défia la physique en roulant jusqu'à Viky sans rebond ni la plus petite déviation en dépit du terrain accidenté. Tout au long de l'opération, Mina ne s'était point détachée du cou de Pheare, jusqu'à littéralement emporter le larynx du Chevalier pour se ruer sur l'orbe !


Une déflagration sonique éjecta aussitôt l'ensemble du groupe jusqu'à la position de Duumkhar. Le Nain dut par ailleurs endurer la chute de certains des membres sur sa personne. De là, une voix chaude et réconfortante les mit en garde.

- Ne vous avancez sous aucun prétexte ! Je ne suis pas votre ennemie, mais ma volonté à ses limites ! Le silence s'imposa de lui-même jusqu'à ce que la toute petite silhouette de Fidia s'extirpe de la nébuleuse que son explosion avait enfantée. J'ai été contrainte de faire feu sur votre alliée, et croyez bien que je le regrette. Ponctuée par le grognement vengeur de Mina, la guerrière poursuivit. Je ne dispose que d'une nano fenêtre pour agir, alors ne m'interrompez pas, sans quoi, votre amie sera à jamais perdue !

Rengainant la curieuse chose qu'elle tenait de sa main gauche, Fidia leva son bras droit afin d'y manipuler son brassard. La cuirasse brillait de diverses lumières aux coloris peu naturel, quand d'un coup ! Le globe préalablement jeté décupla de taille au travers d'un son qu'aucune des trois surfaciennes n'avait encore pu entendre. Viky se trouvait désormais au centre de cette sphère nouvellement formée. De son côté, Mina était tiraillée entre le fait d'intervenir afin de laisser Viky s'en aller en paix, ou ne rien faire... nourrissant l'espoir égoïste que cette aberration soit en mesure de la sauver. Le temps que la prédatrice se questionne, ses canines avaient retrouvé leur dimension, faisant choir le morceau de chair qui s'y était accrochée. Et alors que la lueur de ses pupille s'apaisait, le Vampire serra des poings en voyant Viky entreprendre des mouvements erratiques. Jamais encore elle n'avait vu quelqu'un se mouvoir de la sorte, surtout pas Viky, elle qui était la douceur incarnée. Se redressant soudainement, la mourante se mit à courir sur place, mais un détail chiffonnait Mina. C'était un peu comme si elle galopait à reculons, pourquoi diable faisait-elle cela ?!

- Prenez bonne note de ce que je vais vous dire ! Reprit Fidia, toujours concentrée sur ce qu'elle faisait. Lorsque l'attraction aura cessé, votre alliée subira un choc psychologique d'envergure, menant ce dernier au bord de la rupture. Pheare qui respirait désormais à gorge déployée, entreprit de s'assoir pendant que le phénomène continuait de diffuser une Viky en pleine course inversée. Pour faire simple, une cassure va se produire dans sa propre temporalité, et de ce que je peux en savoir, un esprit seul ne peut assumer une balafre de cette nature. Alors préparez-vous à la maîtriser aussi efficacement que possible !

Durant son allocution, tous purent assister à la disparition des blessures qui constellaient le corps de Viky. Si ce que Fidia disait avait un sens, alors il fallait comprendre que l'amie de Mina était en train de remonter son propre temps ? Etait-ce seulement possible de réaliser pareil miracle sans même jouir d'une essence Divine ? Pheare, la main fermement plaquée contre sa gorge, se le demandait. L'occasion de s'appesantir allait cependant devoir attendre, car Viky poussa un cri déchirant tout en gesticulant dans tous les sens à l'instant même où sa bulle éclata sans la moindre sonorité. Mina se rua immédiatement et la ceintura. Elle ne cessait de lui répéter ; je suis ta maîtresse, je suis ta maîtresse, c'est moi Mina ! Mais rien à faire, la jeunette demeurait en proie à la panique. Et voyant le modèle réduit pointer à nouveau cette chose dans sa direction, une arme qui avait tout de la petite soeur du tromblon de ce prétendu Dummkhar, le Vampire prit sur elle d'assommer sommairement la pauvre Viky d'un coup de tête magistral. La chargeant sur son épaule, elle toisa la rachitique pucelle. Loin de se laisser impressionner, Fidia fit signe à dents-pointues de reculer.

- Dans moins de quarante secondes, la totalité de cet espace sera vitrifié ! Puis elle tira une autre de ses charges soniques droit dans le mur qui se trouvait à la gauche d'Ydris. La déflagration en ébouriffa plus d'une, manquant presque d'arracher le masque de l'Oubliée. La voie vous est ouverte... Acheva la Machiniste tout en abaissant sa visière transparente avant de s'évanouir dans la poussière. On pouvait d'ores et déjà entendre Volta charger sa puissante attaque visant à aseptiser le couloir où le groupe se trouvait.

[OUT : Dans l'ancien dédale ~ICI~... (L'ordre des tours est redéfini, à vous de choisir )]

Mon attention figée sur la silhouette de Mina, s'étant saisie du corps inerte de son amie, j'étais muette, ressentant de pleins fouet ce qu'était en train de vivre la vampire. La perte d'un être cher... mais à quel point ? Tout l'air des environs était devenu intensément lourd, laissant facilement comprendre la détresse de cette dernière. Cependant, le comportement de ses collègues vis-à-vis de la scène et de la manière dont le comportement de Mina avait changé au moment où cette femme était arrivée, il y avait fort à parier que cette personne comptait fortement pour elle. Mais alors que je me perdais dans mes pensées, observant en silence ce qui se passait devant moi, un mauvais pressentiment naquît en mon sein. Mes intestins se nouèrent. Mon corps entier se crispait. Mais j'étais incapable de saisir cette alerte que celui-ci tout entier me lançait. Ni même je la comprenais mais quelque chose n'allait pas. Je ravalais alors ma crainte pour cesser de perturber l’intimité de la vampire en la fixant, me détournant vers une voix venant de s'adresser à Dummy et moi-même.

C'était Pheare, chuchotant doucement, afin de ne pas briser ce silence lourd. Si imposant que j'entendais le cœur du Belrin battre à tout rompre ainsi que celui de l'humaine. Une vague successive d'inquiétude, comme une onde électrique balayant l'air autour de moi, me faisait bien comprendre que la moindre perturbation pouvait provoquer quelque chose de terrible. Parvenant alors à dompter mon caractère quelque peu insolent pour me faire toute petite et silencieuse, ce qui était un exploit. Avec des inconnues comme elles, tout pouvait basculer à tout moment. Je n'avais pas l'avantage d'être avec que des Oubliés et des Belrins, ce coup-ci, avec qui je connaissais les codes de conduites et principes et que je savais jusqu'où je pouvais pousser la limite avant de me faire jeter en prison. Je me devais de me comporter autrement et aussi étonnant que cela pouvait paraître, je parvins à répondre à l'humaine d'un simple acquiescement de la tête, rien de plus. Pas un son ne sortit de ma bouche.

Mes mains crispées sur les épaules de Dummkhar, je faisais tout pour me voiler la face physiquement, aux yeux des autres mais lui, j'étais incapable de lui mentir même si j'essayais. Mes simples mains me trahissaient sans même que je m'en rends compte. À vrai dire, je peinais à assembler toutes les informations depuis mon arrivée dans le coin et je sentais toujours la pression qu'avait exercée la vampire sur mon cou. J'avais mille question à poser. Mille choses à faire. Mais je ne pouvais rien faire de tout ça. Juste rester en place et attendre que les choses se passent. C'était frustrant. Je voulais aider. Je voulais juste que les choses s'accélèrent mais j'étais là, à ne pas bouger. À ne rien dire. À me mordiller l'intérieur des lèvres pour ronger mon impatience de sortir de là. Mais je savais clairement que Pheare était ma clé de sortie à Dummy et moi et qu'elle venait de donner sa parole de nous emporter avec elle si nous nous faisions discrets. Moi ? Être discrète, ne rien dire et me faire oublier ? Ça allait être une expérience. Ce qu'elle me demandait c'était d'être l'anti-moi. Même le Belrin ne m'avait jamais vu passive et plongée dans le mutisme, plus longtemps que quelques secondes, à part quand je dormais. Il lui arrivait souvent même de me dire que je parlais trop, que j'étais inépuisable et que je serais capable de tuer le Roi Sildar de désespoir à ne m'entendre que jacqueter sur tous les sujets, aussi futiles soient-ils.

Néanmoins, je m'y tiendrai. Il était question de rejoindre la surface, de retrouver mon fils avec Dummkar et de parcourir le monde du dessus. Rien que pour ça, j'étais prête à offrir une facette inédite de ma personne même si ça allait se montrer ardu. Pheare, pleine de conviction, était persuadée que Mina allait finir par nous... par nous quoi ?!?!

La phrase de l'humaine se fit littéralement gobé par un assaut soudains de cette même Mina qui l'attrapa violemment par les cheveux et la fracassa au sol. J'étais estomaquée par la rapidité qu'avait de nouveau eu Mina pour s'approcher aussi brutalement, sans que personne ne remarque quoi que ce soit. Mon corps était comme paralysé par la contemplation alors que Dummkhar, légèrement en avant, s'apprêtait à riposter afin de défaire la vampire et libérer l'humaine coincée juste en-dessous. Mais moi, je ne bougeais pas. Cette Mina me captivais par bien des manières et la manifestation de son aura était si particulière que mon coeur battait la chamade à chaque fois. J'avais jamais rien vu de telle. Évidemment, Pheare avait une aura hors du commun aussi puisque le siens était comparable à l'idée de ce que l'on se ferait d'un trou noir dans l'espace. Mais celui de la vampire manifestait quelque chose de profond, de monstrueux, bestial. Au final, il n'y avait que Ydris ici qui était normale, entre ces trois là. Peut être parce qu'elle était une cousine éloignée pour moi ?

Une intense lumière vint soudainement limite m'aveugler, le tout se concentrant vers la bouche de la vampire et je compris instantanément ce qui allait se passer. Ni une, ni deux, je bondis sur le côté pour esquiver l'onde de choc qui allait en être éjecté. Cette dernière, me frôlant, m'ébouriffant le côté droite de ma coiffure, me suffit à me faire comprendre que je l'aurai sentie passée. C'était vraiment moins une, heureusement que je n'étais pas plus proche d'elle. Là, je n'aurai rien pu faire que me contenter de la prendre en pleine poire. Cependant, l'aura de cette dernière s’intensifiait à nouveau. Éclipsant complètement celle de Pheare. Tentant de me relever sous mes jambes tremblotantes, je ne parvenais pas à détacher mon regard de cette émanation d'énergie. Le souffle court, une chaleur intense me traversait tout le corps. Je ne savais pas si je devais me sentir en danger ou non. Certes... l'onde magique me dirait que oui mais actuellement, j'étais juste fascinée. Subjuguée. Je comprenais ce qui allait se passer sans même rien y voir. J'étais aveugle dans ma cécité. La vampire avait planté ses crocs à la nuque de Pheare et même si j'avais eu la possibilité de faire quoi que ce soit pour l'en aider, je savais que je me ferais tuer à l'instant même que j'effectuerai le moindre pas vers elles. Je ne pouvais que me contenter de rester là, à observer et, à ce moment, j’eus un sursaut de conscience.

- Dummy ?! Lançai-je tout bas en tournant la tête à droite et à gauche pour le rechercher et retrouver sa silhouette un peu plus en arrière, fracassé sur le sol. C'est là que je me rendis compte de ma bourde... je m'étais sauvée seule et je l'avais oublié sur place. Le laissant se faire souffler.

Je voulais courir vers lui pour lui venir en aide mais un second événement me coupa dans mon élan. Un énorme fracas venait de se produire au fond du couloir, là où se tenait Ydris il y a quelques secondes. Heureusement qu'elle avait bougé parce qu'elle se serait retrouvée en mauvaise posture. Immobilisée dans l'attente de voir qui allait se découvrir, je comptais les secondes passer jusqu'à enfin voir un début de silhouette... Quelle fût ma surprise quand celle-ci commençait à apparaître ! Je n’eus aucuns mal à la reconnaître. Je n'avais aucunes idées si je devais être contente ou tétanisée, connaissant la personne qui se tenait là, devant nous. Ce n'était autre que Fidia. C'était vraiment la pire personne contre qui se retrouver là-dessous. Perturbée entre l'admiration que je lui vouais à elle et sa machine, que j'avais toujours rêver de reproduire à ma façon, et par la peur d'avoir une de ses armes braquées en ma direction. Si elle faisait quoi que ce soit, plus personne existerait dans ce couloir. Mais dans tout ça, une seule chose me fit me détendre : Elle n'était pas dans sa machine infernale. Ce qui n'était pas normale, évidemment, face au danger que Mina représentait à l'instant présent et si elle y était pas à l'intérieur, c'était que ses intentions étaient peut être pas si hostiles que cela au final.

Je tentais de m'approcher de Dummkhar par petit pas, sans faire le moindre bruit et ne pas détacher mon regard de la scène se jouant devant moi. Fidia s'était avancée et je ne savais même pas si elle avait connaissance de ma présence ou celle de Dummy. Avançant doucement à l'aveugle, d'une main tendue, je tâtonnais le vide jusqu'à qu'elle heurte le dessus de la tête du Belrin s'étant probablement relevé de son expédition en arrière. Je tournais brusquement la tête vers lui et soupirais longuement. Une vague de culpabilité et de soulagement me parcourant. Mais au vu de la situation, je ne dirai rien de peur que ma voix déchaîne un nouvel événement inattendu. Fidia se tenait toujours face à Mina, qui elle tenait toujours Pheare entre ses dents, visiblement, même après avoir bondis sur la sphère que venait de lancer la machiniste. Attend, mais... j'ai pas déjà vu une sphère pareille moi ? Ne serait-ce pas... Oh non ! Aussi vite que je l'avais réalisé, je me mis entre Dummkar et le groupe devant moi, ce coup-ci, pour espérer ne serait-ce qu'amoindrir ce qui allait se passer. La sphère s'enclencha et propulsa une onde de choc. Nous étions alors tous propulsés en arrière, Mina comprise. Je ne savais pas qui je m'étais prise sur le coin de la tête mais j'osais espérer l'avoir légèrement déviée de sa trajectoire pour qu'elle ne tombe pas entière sur le Belrin derrière moi. Mais ce fut moi-même qui lui tombai dessus. Allongée sur lui de travers, je reprenais mes esprits avant de me relever subitement, gênée de m'être foirée dans l’intention de l'en protéger.

- Je suis désolée... tu n'es pas blessé ?! Lui disais-je alors tout bas, penchée au-dessus de lui, agenouillée à ses côtés, taponnant ses épaules, bras, torses et jambes des mains en espérant ne pas retrouver du sang ou un membre brisé mais il n'en fit rien. J'espérai juste qu'il souffrait pas trop. Je voulais te... enfin... pas te tomber dessus comme une brique...

Cependant, le nain n'aura aucuns moyens de me répondre puisque la voix imposante de Fidia brisa le silence, ordonnant à tout le monde de ne pas bouger ni de s'approcher. Chose que je fis. J'étais si immobile et silencieuse parce que je comprenais que trop bien ce qui pouvait arriver si on la contrariait. La machiniste commençait à s'expliquer sur ses actes et Mina se mit à grogner, me faisant me rendre compte que, elle aussi maintenant, était à un pas de moi. Elle pouvait se saisir de ma tête et me jeter toute entière sur Fidia si elle le voulait là, maintenant. Donc je dû doublement me faire discrète tout en ne quittant pas la petite silhouette s'avançant vers nous. Maintenant, pas de doute. Elle savait que Dummy et moi étions présent vu qu'on était tous joyeusement groupé ensemble. Rengainant alors son arme, une fois certaine que personne ne bougerait le petit doigt et se mit à trifouiller son brassard technologique. Des sons et lueurs particulières en sortirent mais rien d'anormal pour moi, j'avais déjà entendu cela par le passé. Mais lorsque je perçu la sphère prendre de la taille dans un son particulier, je compris ses intentions. Malgré l'avoir massacrée, elle allait tenter de se faire pardonner en la ramenant à la vie ? Une lueur intense mais chaleureuse enveloppa entièrement Viky et je jetai des petits coups d'oeil rapide à Mina. Espérant qu'elle n'allait pas lui bondir dessus et ce, j'étais même en train de me demander si je devais lui dire de ne rien faire ? Mais je me ravisais, j'en perdrai ma tête. Les mots de Pheare toujours en tête. Mais à fur que les secondes passaient, l'intense aura qui irradiait de la vampire s'estompait petit à petit. Elle avait compris d'elle-même. La sphère, quant à elle, irradiait et son énergie alla épouser les courbes du cadavre de la vampire. Cet dernier gesticulant de manière saccadée et de façon chaotique jusqu'à même se relever et courir à reculons sur place...

Même si j'avais déjà assisté à telle démonstration, je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir mal à l'aise vis-à-vis de cela. Non pas que je désapprouvais, au contraire, mais que cela se manifestait d'une manière tellement étrange que ça en marque l'esprit des gens qui y assistent. Je n'avais encore jamais dû voir un être cher subir cela et je ne savais pas non plus comment je réagirai pendant que ça se passait. Mina devait être déchirée par tant d'émotion... Mais Fidia attira à nouveau l'attention de la vampire afin de lui expliquer ce qui allait désormais se passer. Je le savais que trop bien. Mais étrangement, je n'avais aucuns doutes sur les capacités de cette dernière à ramener son amie à la raison. La rage qu'elle avait laisser déferler il y a quelques instants avait témoigné de l'affection qu'elle lui portait. Ca allait juste demander un peu de patience et des moments compliqués à passer mais elles y parviendraient, toutes les deux. Un cri perçant brisa la sphère de Fidia, laissant alors Viky revenir à la vie, immédiatement immobilisée par Mina, s'emparant d'elle afin de contrôler qu'elle ne se blesse pas toute seule. La panique l'habitait et c'était normal après de tels événements. Je n'avais pas connaissance de fait, à la surface, de personne étant morte qui était revenue à la vie, de manière aussi rapide et qui en soit sortie indemne psychiquement. Au-delà des histoires de vampires ou mort-vivant...

Je me relevais alors, doucement, sans attirer l'attention sur moi, laissant le groupe converser avec Fidia et faire ce qu'ils avaient à faire. Moi, je devais me pré-occuper de Dummkhar. M'approchant discrètement de lui. Une moue désolée sur les lèvres, je le saisis dans mes bras. Voulant me faire excuser de l'avoir complètement éclipser lors de l'attaque de la vampire. Je m'en voulais vraiment d'avoir agis de la sorte. Le temps passé dans mes rêves avaient trop déteint sur mon comportement en-dehors que l'on finissait par plus me reconnaître même si je n'avais pas réellement changé. Il fallait, à l'avenir, que je fasse attention à ne pas oublier Dummy dans ce genre de situation. Là j'avais eu beaucoup de « chance » qu'il s'en sorte sans trop de mal...

- Je sais ce que tu vas me dire... Je m'en veux et j'en suis vraiment désolée. Déclarai-je en murmurant, suffisamment distinctement pour pas être inaudible par les cris de Viky, lui faisant comprendre que je savais qu'il allait probablement me reprocher de m'être comportée ainsi.

En même temps que je relâchais mon étreinte sur le Belrin, un son sourd fendit l'air, m’indiquant alors clairement que Mina venait d'assommer son amie vu que je n'entendais alors plus ses cris de panique. Laissant de nouveau Fidia annoncer ce qui allait se passer. Et oh fichtre que je connaissais ce ton de voix... Je relevai la tête pour au moins comprendre ce qui se passait au moment où une explosion eu lieu contre la paroi, l'envoyant voler en éclat. L'onde de choc manqua presque de me faire perdre mon masque que je parvins à saisir et maintenir sur mes yeux. J'aurai été bien embarrassée de le perdre là, maintenant, au vu de ce qui s'annonçait. J'aurai été un vrai boulet...

M'étouffant à moitié en respirant la poussière résiduelle, Fidia disparu de ma vision. Elle venait de remonter dans sa machine, prête à mettre ses intentions à exécution. Les sons bien reconnaissables confirmèrent mes pensées. Il fallait déguerpir et tout de suite ! Je m'approchais sans mouvements brusques de Pheare et lui tendit ma main pour l'aider à se relever. Je n'eus nullement besoin de dire quoi que ce soit pour qu'elle comprenne, par ce geste, mon expression et ma main tremblotante, que je cherchais aussi son pardon de n'avoir pas agis au moment de l'attaque de son amie sur sa personne. J'aurai tellement dû faire quelque chose mais, ne les connaissant pas, il m'était impossible d'envisager quoi que ce soit. J'aurai aussi voulu m'approcher d'elle pour constater sa blessure au cou et peut être faire un soin d'appoint ou quelque chose mais je n'osais nullement le faire. Peut être cela était-il déplacé. Et puis, on avait pas le temps, à en croire Fidia.

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